Au-delà des thèmes de décoration proprement religieux — scènes bibliques montrant les correspondances entre le Nouveau et l’Ancien Testament, épisodes de la vie de la Vierge et des Saints, compositions grandioses du Jugement dernier ou de la Passion du Christ — les peintres et les sculpteurs ont largement tiré parti de ce que la nature leur offrait sous les yeux.
Toute la flore et la faune de notre pays renaissent sous le pinceau ou le ciseau, avec la précision et le regard du naturaliste, alliés à ce que leur imagination leur suggérait.
On a pu étudier, sur les portails des cathédrales, les différentes espèces reproduites, et y reconnaître les fleurs et feuillages de l’Île-de-France : ici en bouton, là en plein épanouissement, ailleurs sous l’aspect découpé du feuillage d’automne.
Les artistes ont également employé, avec une égale aisance, les motifs de décoration géométrique — feuillages, entrelacs, animaux stylisés — dont le modèle leur avait été fourni par l’Orient, et que les moines irlandais avaient fait renaître avec une exubérance singulière dans leurs miniatures.
Le symbolisme des cathédrales échappe encore à la science moderne, bien qu’un grand pas ait été accompli ces dernières années, grâce surtout aux travaux admirables d’Émile Mâle.
On a récemment redécouvert le symbolisme des pyramides d’Égypte, et il faut y voir le témoignage d’une science très profonde, de véritables monuments de géométrie, de mathématiques et d’astronomie, tout en se gardant des exagérations de certains occultistes.
Il nous reste à découvrir le symbolisme des cathédrales, de ces églises familières qui sont un appel à la prière, au recueillement, peut-être à la plus merveilleuse des émotions humaines : l’émerveillement.
Nous sommes encore loin d’en maîtriser le secret.
Nous n’avons pas encore pénétré le pourquoi des détails d’architecture ou d’ornementation qui les composent ; nous savons seulement que tous ces détails avaient un sens.
Il n’existe pas une seule de ces figures — priantes, grimaçantes ou gesticulantes — qui ait été placée là au hasard : toutes possèdent une signification, toutes constituent un symbole, un signe.
Dans les vitraux, nos savants n’ont pas encore réussi à en percer l’interprétation complète, bien que les simples paysans autrefois les lisaient comme dans un livre.
Nous ne parvenons pas toujours à identifier ces visages, que jadis un enfant aurait su nommer.
Nous savons que nos cathédrales étaient orientées, que leur transept reproduit les deux bras de la Croix, mais il nous manque encore bien des notions pour pénétrer leur mystère.
(Auteur : Régine Pernoud, Lumière du Moyen Âge, Bernard Grasset, Paris, 1944.)
Source : https://catedraismedievais.blogspot.com/2017/08/a-natureza-refletida-nas-pedras-e.html
Photo : PMRMaeyaert, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons