La cathédrale de Cologne !
Elle est très belle.
Mais si vous me demandiez si elle est aussi belle que Notre-Dame, je dirais : « C’est certainement Notre-Dame ».
Mais, plus sérieusement, je dirais : « On peut se demander si c’est Notre-Dame. »
À cause d’un seul point. Mais ce point surpasse Notre Dame d’une telle manière qu’on ne sait plus quoi dire. Et voici ce qu’il en est.
Les tours de la cathédrale de Cologne surgissent du sol d’un coup sec, et s’élancent dans les airs de façon si inattendue qu’elles semblent nous demander : « Voulez-vous voler ? ».
Ces tours proclament une formidable victoire de l’esprit humain sur la loi de la gravité !
La loi de la pesanteur, c’est la loi qui tire l’homme vers le bas, qui alourdit ses mouvements, qui rend la vie difficile.
Face à la force ascendante de la cathédrale de Cologne, cette loi est écrasée.
La cathédrale est tellement perdue dans le ciel, dans un mouvement audacieux de l’âme, aspirant à l’inimaginable, plus beau que tout ce qui a été imaginé et réalisé à Notre-Dame.
Il y a en nous un appétit pour cette audace qui s’élève à de telles hauteurs, qui nous fait dire :
« Oui, monsieur ! Je ne savais pas qu’il y avait en moi une couche d’âme qui attendait autre chose.
« Mais en regardant Cologne, je sens cette couche d’âme apparaître.
« Ce n’est pas l’harmonie parfaite, la symétrie et la proportion incomparables entre le sol et le bâtiment qu’offre Notre-Dame.
« C’est la splendeur de la disproportion, de ce qui s’impose non pas par subversion, mais en surmontant toutes les règles et en les transcendant, et qui dit :
« Positivement ! Univers avec tes belles règles, je te vénère, je te veux, je fais partie de toi, mais de l’intérieur de toi je lève la main vers l’Auteur de l’univers !
Ce sont les aspirations les plus profondes de l’âme fixées par Dieu et conservées dans le capital d’innocence de l’âme.
L’âme voit l’harmonie de Notre-Dame et s’extasie, elle ne se lasse pas de la contempler, mais finit par comprendre qu’elle est faite pour un autre monde qui est au-dessus des règles de l’harmonie.
Et l’artiste de la cathédrale de Cologne avait ce génie sacro-saint. Il voulait y arriver.
J’aimerais que ces tours soient un peu plus éloignées les unes des autres. J’aimerais qu’il y ait un peu plus d’espace pour la façade.
Elle a l’air un peu étriquée. À cause de cela, les fenêtres, les vitraux, tout est un peu étroit aussi.
Quand je compare cette exiguïté avec l’espace harmonieusement rempli par Notre-Dame, je dis :
« Mais Notre-Dame a une autre allure que cette cathédrale étriquée, qui semble être mise en gilet. Magnifique ! Tellement belle qu’on aimerait l’enlever ! ».
Mais l’attitude change quand on réalise que les deux tours de Cologne, si proches l’une de l’autre, sont comme deux ailes qui s’élancent vers le ciel.
S’il n’y avait qu’une seule tour, on perdrait. S’il y en avait trois, ce serait trop. Il fallait que ce soit ces deux-là, à cette distance, et le reste n’est que paroles. Et vummm ! au paradis.
Nous avons tous volé à dix mille mètres, je ne sais pas combien. Nous regardons la terre… Qu’est-ce que c’est ? C’est ma tombe si je tombe. Ce n’est rien d’autre que cela.
Maintenant, nous regardons la cathédrale de Cologne et nous disons : « Cela touche le Ciel ».
Parce qu’à Cologne, l’âme humaine a la sensation de toucher le Ciel.
(Auteur : Plinio Corrêa de Oliveira, extraits d’une conférence donnée le 13/10/79.)
Source : https://catedraismedievais.blogspot.com/2013/10/catedral-de-colonia-e-sensacao-de-tocar.html
Photo : Velvet, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons