Au château de Ronneburg, non loin de la frontière autrichienne, j’ai compris ce qu’est un authentique château médiéval.
Contrairement aux châteaux de la Renaissance – Fontainebleau, Chenonceaux, voire Versailles et bien d’autres – qui nous enchantent au premier abord par leur beauté, leur art et leur bon goût, l’impact de Ronnebourg sur les sens est celui de l’austérité, de la lutte, de la grandeur tragique et de la sublimité.
L’accueil a été impressionnant. L’absence de touristes a été une circonstance très favorable pour nous permettre de ressentir plus authentiquement l’âme du château.
Oui, Ronnebourg a une âme, car l’âme du Moyen Âge y est encore présente.
À Ronneburg, les caractéristiques puissantes de l’apogée médiévale (XIIIe siècle) sont visibles, comme si elles palpitaient de vitalité.
Les aspects vibrants de l’énergie, de la force et de la vie que l’on peut apercevoir dans ce château, qui est à sa manière un symbole de la chrétienté d’antan, produisent une frénésie de joie et d’enthousiasme.
Ronneburg est un exemple édifiant de la lutte contre les facteurs défavorables que la civilisation chrétienne a dû surmonter pour réussir.
Le château évoque encore les batailles contre les incursions ennemies, la pauvreté des moyens, la difficulté de la construction et de la survie dans une nature ardue, mais aussi la sublimité des âmes pénétrées d’une foi qui déplace les montagnes, avec l’innocence d’un enfant et la détermination d’un guerrier.
Les murs du château avec leurs embrasures témoignent de la vigilance et de la disponibilité d’esprit nécessaires pour vivre à cette époque à la fois terrible et sublime.
Le château a été construit avant 1231, sur une colline escarpée, sous le règne de Gerlach II, de la dynastie des Staufen.
La « grande cave à vin » date de cette époque. La base de la tour de pierre imposante avec son donjon date du milieu du 13e siècle.
Les habitants des régions environnantes – Budingen, Selbold et Eckartshausen – étaient responsables de l’entretien de certaines parties du château, mais avaient également le droit de s’y réfugier en cas de danger.
Au cours des siècles, Ronneburg a connu toutes sortes de vicissitudes et de transformations : il a été le siège du gouvernement communal, a subi des incendies, a vu des parties démolies et d’autres construites, a servi de forteresse, de refuge pour les paysans des environs lors d’attaques ennemies, et même de prison pour les malfrats, tout en conservant les marques indélébiles de son origine.
L’un des problèmes auxquels les bâtisseurs ont dû faire face était l’approvisionnement en eau du château. Pour ce faire, un puits a été foré, qui existe encore aujourd’hui, d’une profondeur d’environ 100 mètres, soit trois fois la hauteur de la tour.
Le niveau de l’eau est de 12 mètres au fond du puits. Nous avons fait l’expérience : depuis le bord du puits, nous avons lancé un caillou et il nous a fallu beaucoup de temps pour l’entendre toucher l’eau. Il y a toutes les cordes, les rails et les seaux nécessaires pour évacuer l’eau.
Les pièces réservées à la famille du châtelain sont naturellement plus soignées et témoignent déjà de la civilisation raffinée qui naissait à l’époque. Mais la cuisine d’origine, avec sa rusticité et son énorme pittoresque, subsiste encore.
Les fenêtres grillagées témoignent du souci de défense du château, si nécessaire en ces temps de danger et de lutte, de foi et d’héroïsme.
La beauté qui se dégage de Ronneburg n’est pas celle de l’art, mais celle des âmes fortes et pieuses qui ont produit l’apogée du Moyen-Âge, une époque qui a valu au pape Léon XIII un magnifique éloge :
« Il fut un temps où la philosophie de l’Évangile gouvernait les États, […] l’influence de la sagesse chrétienne et de sa vertu divine pénétrait les lois, les institutions, les coutumes des peuples, toutes les catégories et tous les rapports de la société. »
(Auteur : Gregorio Vivanco Lopes, dans « Catolicismo »)
Source : https://castelosmedievais.blogspot.com/2017/03/austeridade-luta-e-grandeza-o-apanagio.html
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