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Cochem : château des « mille et une tours »

Le château de Cochem couronne une colline qui domine la Moselle avec un attrait fascinant.

Ce colossal joyau architectural fait partie de l’avant-dernière plus petite circonscription rurale de Rhénanie-Palatinat, une grande région d’Allemagne.

Avec un peu moins de 5 000 habitants, Cochem est à peine moins peuplé que l’arrondissement de Kusel.

Comment est-il possible que de quelque chose d’aussi petit dans l’ordre matériel soit né quelque chose d’aussi grand dans l’ordre de l’esprit, de l’art et de l’architecture ?

Le château de Cochem incarne le meilleur de ce que le Moyen Âge a fait et de ce que le XIXe siècle – siècle au cours duquel le château a été entièrement restauré – a rêvé de l’ordre médiéval.

Le Moyen Âge rêvait de Dieu et de l’ordre merveilleux qu’il mettait dans l’univers.

C’est ainsi qu’est né le christianisme.

Le XIXe siècle a rêvé du Moyen Âge et de l’ordre de la chrétienté et a restauré des joyaux architecturaux avec une richesse de moyens et de techniques qui n’existaient pas à l’époque médiévale.

C’est une sorte de règle de trois : le XIXe siècle est au Moyen-Âge ce que le Moyen-Âge est à Dieu.

Mais les médiévaux ne rêvaient pas de Dieu comme le XIXe siècle rêve de l’ordre médiéval.

Au point de départ et tout au long de la réalisation des œuvres, pour le médiéval, il y a la foi.

Et la certitude que cette terre est une vallée de larmes où l’homme se prépare par de bonnes œuvres à voir Dieu pendant l’éternité.

C’est pourquoi le médiéval a fini par mettre une certaine ressemblance avec le Ciel auquel il aspirait dans tout ce qu’il faisait, y compris dans les réalisations les plus pragmatiques.

Et cette note pour ainsi dire « paradisiaque » imprégnait tout ce que faisait le médiéval.

Le château de Cochem a été construit vers l’an 1000 par le comte palatin Ezzo, fils du comte palatin Hermann Pusilius.

Cochem apparaît pour la première fois dans un document rédigé en 1051, lorsque Richeza, sœur aînée d’Ezzo et ancienne reine de Pologne, lègue le château au comte palatin Enrique Ier.

En 1151, le roi allemand Conrad III s’empare de la forteresse, qui devient l’un des fiefs impériaux.

En 1294, le roi Adolf de Nassau donne à l’archevêque Bohemond Ier de Trèves la ville de Cochem, son château et une cinquantaine de localités.

Dès lors, les archevêques de Trèves, qui élisaient également les empereurs, gouvernèrent Cochem.

L’archevêque Baldwin de Luxembourg (1307-1354) l’agrandit et la fortifie.

En 1688, lors des célèbres guerres de succession du Palatinat, les troupes du roi de France Louis XIV envahirent la région du Rhin et de la Moselle, s’emparèrent du château et l’incendièrent.

Cochem fut réduit à l’état de ruines jusqu’en 1868 – autrement dit, le XIXe siècle auquel nous avons fait référence plus haut – jusqu’à ce qu’un riche homme d’affaires berlinois décide de le reconstruire entièrement à partir des ruines, mais en s’inspirant du style néo-gothique, si populaire dans le romantisme allemand.

Le mobilier actuel date de la Renaissance et du Baroque.

Le château se dresse à plus de cent mètres au-dessus de la Moselle.

Sous le soleil éclatant de l’été, il surpasse en beauté, en proportion et en authenticité les châteaux d’Hollywood, aussi fantaisistes qu’artificiels.

En hiver, les brumes l’enveloppent, soulignant les aspects de sa figure féerique qui tantôt apparaît, tantôt disparaît parmi les nuages.

Les murs extérieurs, première ligne de défense en cas de guerre, s’adaptent à la topographie naturelle.

Arbres et vignes poussent jusqu’au pied de ces imposantes murailles, dans une intégration harmonieuse de la nature et de la civilisation.

Le bosquet est prolongé par une mini-forêt de tours et de flèches qui s’harmonisent avec la végétation et la géographie, ajoutant le raffinement de la culture catholique.

Au sommet d’une tour plus large, à droite de la photo, se trouve la chapelle avec un clocher très étroit et original, parmi cette « forêt » de beaux pinacles.

Au centre, on aperçoit la grande cour intérieure, sur laquelle s’élèvent les différents bâtiments.

Ils forment un ensemble qui semblerait chaotique selon les critères des bâtiments modernes, carrés et fades.

Mais ils s’harmonisent avec une poésie et une beauté inégalées. Tous sont couronnés de diverses petites tours et de fenêtres en ogive.

Au centre, la citadelle ou le donjon, pièce maîtresse du système défensif, règne avec une force et une majesté impressionnantes.

On pourrait penser qu’une tour aussi puissante et souvent plus imposante que les autres écraserait les petites tours.

Mais ce n’est pas le cas.

On a l’impression que les petites tours se sentent protégées et bien au chaud au pied de cette formidable tour monarchique.

Ce donjon est la reine de la « forêt » de petites tours et l’ensemble règne sur la colline proéminente.

En contrebas, la Moselle coule sereinement, comme abritée par l’ombre de la forteresse.

Sur les pentes abruptes qui bordent le fleuve, les plantations de raisin de cuve poussent en abondance.

Telle était la relation sociale entre le peuple et la noblesse, même la plus haute. Et la relation médiévale avec Dieu lui-même.

Le petit peuple se sentait bien protégé par les grands, qu’il servait avec crainte et vénération. Ainsi, tous les fruits de l’harmonie sociale pouvaient se développer librement dans une atmosphère paisible et chaleureuse de coopération et de soutien mutuel.

Le château veille au bon ordre de la vallée, tout comme Dieu veille à l’ordre de la création.
La force et le confort sont omniprésents à Cochem, imprégnés d’une fantaisie ordonnée par la logique et la foi.

Si, par extraordinaire, un ange devait un jour se reposer sur terre, il trouverait certainement dans le château de Cochem une résidence idéale.

Il pourrait alors, du haut de ses tours, chanter les meilleurs chants de gloire à Dieu dans un contexte culturel et naturel digne de lui.

Source : https://castelosmedievais.blogspot.com/2013/10/cochem-castelo-das-mil-e-uma-torres.html

Source photo : Image par Anja de Pixabay

Posted in Châteaux

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