Les exemples historiques de loyauté en période d’adversité sont inspirants, car ils prouvent que ce qui semble si difficile est en fait possible. Le cas des deux marins chargés de prendre soin du jeune héritier du trône russe, le tsarovich Nicolas, au début du XXe siècle, en est un exemple frappant.

Ils s’appelaient Klementy Nagorny et Andrey Deverenko, deux marins de la marine impériale russe qui ont précédé la révolution communiste de 1917. Leur devoir était de protéger le jeune tsarévitch Nicolas des blessures dues à son hémophilie. Ils s’acquittèrent bien de leurs tâches et reçurent en retour la reconnaissance du tsar Nicolas et de sa femme, la tsarine.

Les deux ont été fidèles pendant que tout allait bien. Puis la révolution communiste a éclaté en Russie. Les deux marins ont été confrontés à une épreuve de loyauté envers la famille royale.

Lorsque le moment de vérité arriva, Deverenko céda sous la pression des communistes. Il a ensuite maltraité le jeune tsarévitch et lui a ordonné d’agir comme s’il était un serviteur et non un prince impérial. Nul doute qu’un tel comportement a plu à ses maîtres révolutionnaires. La loyauté de Deverenko n’était pas la vraie loyauté; c’était une loyauté qui n’a duré que pour un temps limité.

Nagorny, par contre, resta fidèle jusqu’à la mort. On se moquait de lui et on le battait même pour sa loyauté à la famille impériale ainsi qu’au tsarévitch.

Au cours du voyage de la famille impériale de Tobolsk à la maison de Yekaterinbourg, Nagorny, qui partageait une cabane avec le tsar, a entendu des cris venant des filles du tsar. Nagorny a quitté sa cabane pour intervenir et a été sévèrement battu. Sa loyauté était profonde et basée sur une vertu authentique.

Au cours de la dernière incarcération de la famille impériale à Ekaterinbourg avant leur exécution cruelle et sanglante, Nagorny continua de rester avec elle pour s’occuper du tsarévitch. Un jour, l’un des gardes bolcheviques a tenté de voler une montre au jeune tsarévitch. Nagorny est intervenu. Il a été incarcéré puis exécuté quelques jours plus tard.

Qui a été  e meilleur exemple d’une véritable et fidèle loyauté?

L’Encyclopédie Catholique définit la loyauté comme étant « une constance dans l’allégeance à Dieu ou aux choses de Dieu; la constance dans la fidélité à une personne ou une cause, une organisation ou un projet. » Nagorny a été l’exemple par excellence de constance et de fermeté, à la fois pour une personne et pour une cause. Quelle cause? La cause de la hiérarchie et de l’ordre. Nagorny ne cherchait rien pour lui-même; il ne cherchait qu’à servir la hiérarchie avec admiration et fidélité et a donné sa vie pour la défendre.

Par contre, pour Derevenko, la loyauté est facile, lorsqu’aucune épreuve ni sacrifice n’est requis.

La véritable épreuve de la loyauté incarnée par Nagorny a été de rester fidèle alors que les dés étaient jetés, lorsque toutes sortes de sacrifices ont été nécessaires, même jusqu’à la mort.

La loyauté est vraiment considérée comme une vertu militaire. Rester fidèle malgré la faim, la soif, le danger, les blessures ou la mort est l’apogée du vrai soldat. La loyauté ne signifie pas l’absence de peur, mais bien de rester inébranlable malgré ses peurs.

Cet exemple de loyauté peut également être une leçon pour les fidèles catholiques. Pour les membres de l’Église militante, la véritable loyauté ne consiste pas seulement à aller à la messe tous les dimanches, ni même tous les jours, dans une église climatisée ou chauffée, à se confesser ou à faire des prières quotidiennes de son choix. Bien que ces pratiques soient certainement très admirables et constituent de bonnes indications de la fidélité, la vraie loyauté comprend tout cela, et bien plus encore.

La vraie loyauté envers la Sainte Mère Eglise réside dans le sacrifice. Quel genre de sacrifice ? Toutes sortes de sacrifices sont nécessaires, surtout de nos jours. Être un membre actif de l’Église militante est une véritable mesure de la loyauté authentique. Qu’est-ce que cela veut dire? Comme Nagorny, qui a été fidèle à la famille impériale, être fidèle aujourd’hui signifie défendre ce qui est juste, à tout moment et en tout lieu, sans en calculer le prix. Pour les catholiques, cela signifie faire preuve de la plus grande loyauté envers Notre Seigneur Jésus-Christ et envers l’Église qu’Il a fondée.

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Source photo : Paris, 4e quart du xive siècle (c. 1385-1389), coll. Bibliothèque nationale de France