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Sainte Jeanne d’Arc, l’islam et la Renaissance chrétienne

Par Roberto de Mattei

Le 1er juin dernier, alors que des émeutes urbaines ensanglantaient la capitale française à la suite de la finale de la Ligue des champions, de jeunes islamistes ont hissé un drapeau djihadiste sur la statue de sainte Jeanne d’Arc, place des Pyramides. Sainte Jeanne d’Arc est la patronne de la France, nation fondée sur les fondements de la civilisation chrétienne. La mission de la Pucelle d’Orléans consistait à reconquérir, bien plus qu’un territoire, le concept sacré de la souveraineté, racine d’où jaillit l’histoire de la France et de l’Europe. La profanation de la statue de sainte Jeanne d’Arc constitue donc un outrage à l’identité nationale de notre continent et confirme la gravité du danger islamique.

Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retaillaus, a minimisé les débordements, mais l’ancien ministre Gérard Darmanin a reconnu que les actes violents étaient le fait d’immigrés et qu’ils n’étaient pas liés à un différend sportif. Les troubles ont touché plusieurs villes, avec des violences, des pillages et des affrontements avec les forces de l’ordre, faisant 192 blessés (majoritairement policiers), 3 morts et 642 arrestations. La stratégie du gouvernement français consistant à utiliser le football comme outil politique pour favoriser l’inclusion et l’intégration des immigrés s’est révélée un échec : au lieu d’unir, elle a généré division et violence.

Un rapport officiel de 73 pages, intitulé Les Frères musulmans et l’islamisme politique en France, rendu public par Le Figaro le 20 mai dernier, met en lumière le projet d’infiltration des Frères musulmans dans les institutions et la société française en vue d’y imposer la charia, en se servant d’un langage apparemment démocratique. Ce rapport identifie 139 lieux de culte liés aux Frères musulmans et 68 autres considérés comme sympathisants. À cela s’ajoutent 280 associations actives dans des secteurs clés tels que l’éducation, la charité, la jeunesse, l’entrepreneuriat et la finance.

Tout aussi préoccupante est la prédication 2.0, c’est-à-dire la diffusion de principes islamiques via les réseaux sociaux comme TikTok, Instagram et YouTube. Certains influenceurs religieux, suivis par des centaines de milliers d’abonnés, influencent de larges segments de la jeunesse, contribuant ainsi à la transformation lente mais efficace du tissu social et culturel français à tous les niveaux.

Le rapport ne se limite pas à la France. Il révèle que diverses organisations musulmanes du Vieux Continent, dont la Fédération des organisations islamiques en Europe et le Conseil européen pour la Fatwa, s’inspirent des principes des Frères musulmans. À cela s’ajoutent d’autres groupes comme Hizb-at-Tahrir, qui aspire à l’instauration d’un califat mondial (tout en rejetant la violence), et les mouvements salafistes, souvent conservateurs et actifs sur le plan religieux. Enfin, le rapport souligne le danger des réseaux djihadistes tels qu’Al-Qaïda et l’État islamique, qui exploitent le mécontentement et la marginalisation pour recruter des jeunes Européens. Depuis 2014, plus de 40 attentats ont été perpétrés en Europe.

Dès les années 1990, le cardinal Silvio Oddi (1910-2001), ancien nonce apostolique en Égypte, avertissait que le véritable danger pour l’avenir de l’Europe était la progression de l’islam. Dès 1993, le Centre Culturel Lépante organisait une protestation publique massive contre la construction de la mosquée de Rome, la plus grande d’Europe, dénonçant l’action politique et culturelle émanant des temples mahométans. Intitulée Mosquées, les casernes de l’islamisation, une étude récente publiée en France par l’association Avenir de la Culture, sous la direction d’Atilio Faoro, dresse un constat éclairant. Le livre compile une enquête minutieuse consacrée aux bastions de l’islam, mettant en évidence leur rôle subversif. Les conclusions sont irréfutables : les 2 600 mosquées de France ne sont pas de simples lieux de culte, mais des centres d’activisme diffusant la culture et le mode de vie islamiques.

Les Frères musulmans sont l’un des trois courants fondamentalistes qui dirigent actuellement des centaines de mosquées en France. Un autre mouvement concurrent est le salafisme sunnite, peu structuré mais très influent parmi les jeunes musulmans et, à l’instar des Frères musulmans, hostile à l’Occident. Certaines mosquées affiliées à cette école de pensée ont servi de tremplin au djihadisme. Enfin, il y a l’islam turc, soutenu par le président Erdogan, lui aussi en pleine expansion en France. Sous son patronage, de nombreuses mosquées ont été construites, notamment celle de Strasbourg, qui deviendra, une fois achevée, la plus grande d’Europe.

Dans cette perspective, le drapeau islamique hissé le 1er juin sur la statue de sainte Jeanne d’Arc apparaît comme un acte clairement symbolique, étroitement lié à l’adoption le 28 mai dernier de la légalisation du suicide assisté par l’Assemblée nationale. Si cette loi est définitivement entérinée, elle marquera une nouvelle étape dans l’autodissolution de l’identité chrétienne française. En adoptant le projet de loi Falorni sur le « droit d’aider à mourir », l’Assemblée nationale a proclamé en pratique le droit au meurtre légal, comme l’avait déjà fait Emmanuel Macron le 19 janvier, en demandant que l’avortement soit inscrit dans la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.

La force d’expansion de l’islam réside dans la faiblesse de la société sécularisée qu’il a en face de lui. Les immigrés de troisième et quatrième génération d’origine musulmane ont perdu l’identité de leurs ancêtres et, face à l’effondrement de la société occidentale, se tournent vers un anarchisme destructeur. Pour eux, l’alternative au nihilisme est l’adhésion — pas nécessairement religieuse — à l’islamisme radical, une religion politique qui comble leur vide moral. À la caricature idéologique de l’islamisme, l’Église catholique devrait opposer une vision intégrale du monde fondée sur l’Évangile, seule à même de résoudre les problèmes du monde contemporain. C’est précisément le manque de foi, comme le disait Léon XIII dans son premier sermon, « qui entraîne souvent des drames comme la perte du sens de la vie. »

Les mots qui concluent l’étude d’Atilio Faoro sont, malgré tout, porteurs d’espérance : « Le 15 avril 2019, le monde entier regardait avec horreur les flammes dévorer la plus célèbre de nos cathédrales. Ce calice amer nous rappelle que, comme pour Notre-Dame, la vie des peuples et des nations chrétiennes passe par la croix. Ce drame nous exhorte aussi à ne pas perdre la foi. En contemplant les ruines, beaucoup doutaient qu’un jour le sanctuaire retrouve toute sa splendeur. Et pourtant, le 8 décembre 2024, Notre-Dame a rouvert ses portes à des chefs d’État venus du monde entier, et à une foule innombrable comme jamais vue. Sa restauration nous donne une leçon à tous : combien de fois avons-nous cru que tout était perdu, que les ruines étaient irrémédiables ? »

La spectaculaire manifestation de la fête de la Pentecôte de cette année, réunissant 19 000 pèlerins ayant parcouru à pied près de 100 km de Paris à Chartres, est l’un des nombreux signes d’espérance qui s’allument, au même titre que la restauration de Notre-Dame et l’augmentation des conversions de musulmans au christianisme en France. Il y a de nombreux siècles, le Seigneur a manifesté son amour particulier pour la France en suscitant une humble bergère de Lorraine qui prit les armes et la sauva. « Les hommes combattront, et Dieu leur donnera la victoire », disait Jeanne — des mots qui constituent tout un programme. Au début du XXIe siècle, l’exemple de la sainte guerrière n’est pas seulement un modèle pour les Français, mais pour tous ceux qui, par la pensée, la prière et l’action, défendent la civilisation chrétienne face à ses ennemis.

Source : https://www.corrispondenzaromana.it/international-news/santa-juana-de-arco-el-islam-y-el-renacimiento-cristiano/

Photo : Hendrik Scheffer, Public domain, via Wikimedia Commons

Posted in Actualités, Principes de Révolution et Contre-Révolution

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