Par Atilio Faoro
Jusqu’où ira donc la profanation de ce que la France a de plus sacré ?
Le 31 octobre 2025, jour qui précède la Toussaint, alors que les cloches auraient dû inviter les fidèles à méditer sur la sainteté, une musique d’un tout autre ordre s’est élevée dans la ville de Montpellier : celle des ténèbres.
Dans l’ancienne église Sainte-Marie-Madeleine, aujourd’hui cyniquement rebaptisée Maison des Chœurs, s’est déroulé un événement d’une abjection inouïe, annoncé sans détour par ses promoteurs sous un intitulé aussi provocateur qu’explicite :
« Communions avec l’interdit, performers ésotériques dans les alcôves & confessionnaux… Oseras-tu entrer dans l’Église Interdite ? »
Le spectacle, baptisé Ex Tenebris Lux – Dark Halloween, soit littéralement « La lumière surgit des ténèbres – Halloween des ténèbres », s’est transformé en une véritable parodie satanique de la liturgie catholique : danse démoniaque, rituels pseudo-religieux, performances ésotériques dans les confessionnaux, le tout méticuleusement orchestré dans une atmosphère d’occultisme et de blasphème.
Cette abomination a eu lieu dans un édifice jadis dédié au culte du Dieu vivant, où furent célébrées d’innombrables messes, où des âmes furent confessées, sauvées, sanctifiées. Dans ce sanctuaire, deux évêques et un chanoine reposent encore. Leurs tombes ont été foulées, au rythme d’une musique impure, par ceux-là mêmes qui tournent en dérision la foi de nos ancêtres.
Et ce scandale ne s’est pas produit dans l’ombre. Il a été autorisé et couvert par la mairie de Montpellier, au nom de ce faux dogme qu’est devenu le « principe de laïcité », si souvent brandi contre le catholicisme mais étrangement silencieux devant les provocations sataniques.
Certes, l’édifice a été désacralisé. Mais qui ne sait que les pierres gardent la mémoire du sacré ? Qui ne comprend que profaner un lieu saint — fût-il administrativement « désacralisé » — demeure une insulte à Dieu et une offense au Ciel ?
« Cet événement, c’est un acte anti-chrétien », a dénoncé le groupe « Les Servants du Christ » dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Celle-ci a cumulé plus de 500.000 vues et créé la polémique à Montpellier. Il ne s’agit pas là d’une maladresse culturelle, mais d’un geste calculé, délibéré, satanique.
Ce n’est pas un hasard si cela s’est produit la veille de la Toussaint. Halloween — que le célèbre exorciste romain, le Père Gabriele Amorth, qualifiait de « culte au diable déguisé en jeu » — est devenu le théâtre d’une exaltation annuelle de la mort, de la peur, du laid et du mal. « Halloween est un rassemblement spirituel présenté comme une forme de jeu. C’est l’équivalent de chanter des hosannas au diable », affirmait-il sans détour. Il dénonçait à juste titre son influence néfaste sur les jeunes, notamment par l’augmentation des troubles psychiques, de la dépression et des tendances suicidaires.
Et cette fois, c’est dans un sanctuaire — ancien mais encore habité de la mémoire de Dieu — que les démons ont dansé. Et les autorités ont laissé faire. Pire encore, elles ont justifié cette ignominie au nom de la liberté artistique. Ainsi, le blasphème devient culture, et la profanation, un divertissement.
Et l’Église locale ? Le 27 octobre, Mgr Norbert Turini, archevêque de Montpellier, a réagi par une déclaration… certes digne, mais profondément insuffisante. Il reconnaît que ce type de spectacle « n’a pas sa place » dans un lieu de mémoire spirituelle, mais ne parle ni de profanation, ni de blasphème, ni de réparation. Il évite de nommer l’abomination. Il parle de « vivre ensemble », de « créativité qui ne blesse pas », mais ne mentionne ni le nom du Christ, ni celui de Satan, ni l’Évangile, ni l’honneur dû à Dieu. Ce silence, cette prudence à la limite de la complicité, ne peut satisfaire le sensus fidei des catholiques fidèles.
Car lorsque les pasteurs se taisent, le troupeau est livré aux loups. Le devoir de l’évêque n’est pas seulement de commenter avec délicatesse les atteintes à la foi : il est d’enseigner, de dénoncer le mal, de rappeler la loi de Dieu, de proclamer le Christ, « en temps favorable et défavorable » (2 Tm 4, 2).
Ce qui s’est passé à Montpellier n’est pas un incident local, ni un simple fait divers. C’est un avertissement. Un signe des temps. Un jalon de plus dans cette longue descente vers l’apostasie silencieuse qui défigure notre France, fille aînée de l’Église, jadis si glorieuse, aujourd’hui tournée en dérision.
Et nous, catholiques français, que faisons-nous ? Avons-nous encore la ferveur des saints qui pleuraient en voyant un seul tabernacle abandonné ou une croix renversée ? Le moment n’est plus au silence. Il est à la réparation. À la protestation. À l’action.
Ce qui s’est passé à Montpellier n’est pas une simple offense à la mémoire chrétienne. Ce n’est pas une simple question de patrimoine ou d’esthétique. C’est une guerre spirituelle. Une parodie satanique de ce qui fut saint. Une profanation.
Nous avons le devoir de nous lever. Pour l’honneur de Dieu. Pour la France. Pour l’Église. Parce que ce qui s’est passé à Montpellier est plus qu’un scandale : c’est un affront. Si nous ne crions pas : « Assez ! » Aujourd’hui, demain ces spectacles sacrilèges pulluleront partout, dans l’indifférence générale.
Should Catholics Celebrate Halloween? – Father Gabriele Amorth, exorcist
Photos : Halloween AI-generated-8654986, image de Sam via Pixabay et Christophe Finot, CC BY-SA 2.5, via Wikimedia Commons