On remarque, dans cet intérieur de Fontainebleau, une certaine austérité.
Et cela s’explique : il s’agit de la salle de la Reine-Mère.
Elle était veuve, et tout ce qui accompagnait la condition de veuve portait alors une nuance de tristesse. D’où ces portes sombres, qui apportent — au milieu de tout le faste — une vague réminiscence de deuil.
Cependant, ce que cette porte a de très solennel est compensé par divers motifs délicats : arabesques fines, fleurs, guirlandes et figures mythologiques. Un élément décoratif, placé à côté des tapisseries colossales, donne beaucoup de beauté à l’ensemble : les miroirs, certainement produits à Venise.
Énormes, profonds, ils sont comme des fenêtres ouvertes qui allègent l’atmosphère.
Ce qui attire particulièrement l’attention, c’est le portrait de la Reine-Mère, Anne d’Autriche, mère de Louis XIV, placé au-dessus de la porte.
Ces tableaux disposés au-dessus des portes conféraient à l’entrée une majesté comparable à celle d’un arc de triomphe. C’était, pour elle, un honneur triomphal d’être ainsi représentée au sommet d’une porte, dominant la pièce.
Les portes à deux battants étaient exigées par le protocole de la Cour.
Pour les filles ou petites-filles du roi, on ouvrait les deux battants, et le hallebardier frappait le sol de son arme en proclamant : « Sa Majesté — la Reine », ou « Son Altesse Royale », etc.
Pour un prince du sang qui n’était pas fils ni petit-fils de roi, mais un parent plus éloigné — et pour tout le reste de la noblesse — on ouvrait un seul battant.
Ainsi, c’était un grand cérémonial lorsque la Reine-Mère faisait son entrée précédée des hallebardiers.
Les portes s’ouvraient, les gardes se plaçaient de part et d’autre, et proclamaient : « Sa Majesté, la Reine ». Alors, on s’inclinait, on faisait des révérences, etc.
Ainsi, la porte elle-même faisait partie d’un rituel cérémoniel.
Elle possédait un caractère triomphal, car il faisait partie des usages de l’époque de savoir arriver et de savoir partir.
On n’entrait pas dans une pièce comme une poule entre dans un poulailler…
Lorsqu’on entrait dans un salon, il fallait marquer son arrivée ; et lorsqu’on en sortait, le départ devait être tout aussi marquant.
(Auteur : Plinio Corrêa de Oliveira, 31 octobre 1966. Extraits non révisés par l’auteur.)
Source : https://castelosmedievais.blogspot.com/2014/04/fontainebleau-severidade-e-esplendor.html
Photo : Thesupermat, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons