Le style gothique est né et s’est développé à petits pas, jusqu’à donner naissance à un ensemble monumental sans équivalent dans l’histoire de la civilisation.
Aucun style historique n’est la production d’un cabinet, mais l’œuvre d’une société entière.
Les artistes ne sont pas les créateurs du style utilisé par une société, mais ses interprètes.
Ceci est particulièrement vrai pour le style gothique ou médiéval.
Dans ce style produit par la société médiévale, le pratique et le beau, les éléments matériels et intellectuels fusionnent harmonieusement avec la foi catholique professée par la société.
Du point de vue architectural, qui a été si décisif, le style gothique a pour élément caractéristique ce que l’on appelle l’ogive gothique.
Selon la tradition, saint Pierre et saint Paul apparurent en rêve à un vieil abbé bénédictin nommé Gunzo, qui allait finir ses jours à l’abbaye de Cluny.
Les saints lui enseignèrent l’ogive, que l’on appellera plus tard le gothique.
Le vieux moine raconta son rêve à l’abbé St Hugo.
À l’époque, vers 1080, Cluny construisait sa troisième grande église abbatiale, dédiée à saint Pierre.
C’était la plus grande église de la chrétienté jusqu’à la construction de la basilique Saint-Pierre au Vatican, qui a été agrandie d’un mètre pour affirmer sa supériorité universelle.
Le moine Gunzo était aveugle, mais son témoignage a été considéré comme fiable et convaincant.
La dernière partie de la nef de Cluny est achevée dans le nouveau style ogival.
L’exemple de Cluny fait tache d’huile dans toute l’Europe. La construction de cathédrales est un phénomène lié aux croisades.
La même ferveur anime les chevaliers et les architectes.
Le mouvement s’est répandu à partir de la France au milieu du 12e siècle.
C’est pourquoi, à l’époque médiévale, le style gothique était qualifié d’art français, d’opus francigenum (œuvre française) ou d‘opus modernum (œuvre moderne).
Le terme gothique a été inventé par l’historien de l’art de la Renaissance Giorgio Vasari (1511-1574).
Pour Vasari et ses collègues naturalistes, admirateurs de l’art païen de l’Antiquité, l’art du Moyen Âge, en particulier l’architecture, était un objet d’horreur.
Ils le considèrent comme le contraire de la perfection, le symbole du sombre et du négatif que le catholicisme a inoculé aux masses.
Vasari attribue cette horreur aux Goths, le peuple qui a détruit la Rome antique en 410.
Et il invente le terme gothique, à forte connotation péjorative. Il voulait désigner un style digne des seuls barbares et vandales.
Au 19e siècle, cette manipulation a été mise de côté. Le gothique est à nouveau valorisé comme il le mérite.
Des poètes comme Goethe sont fascinés par la grandeur des grandes cathédrales gothiques d’Allemagne. Des écrivains comme Victor Hugo font vibrer leurs lecteurs avec leurs récits de monuments médiévaux.
Des restaurateurs comme Viollet-le-Duc se sont lancés dans des entreprises herculéennes, toujours en cours, pour restaurer des cathédrales, des abbayes, des châteaux, des palais et d’autres œuvres remarquables.
Des chefs d’État comme l’empereur d’Allemagne, Louis II de Bavière, Napoléon III ou la reine Victoria ont encouragé ces fabuleuses restaurations ou même de nouvelles réalisations dans le style médiéval.
Les Chambres du Parlement de Londres et Big Ben sont un excellent exemple de l’art gothique.
La restauration du gothique a été associée au mouvement contre-révolutionnaire du 19e siècle.
Et là où il n’y avait pas de cathédrales gothiques à restaurer, les catholiques ont entrepris d’en ériger de nouvelles : St Patrick à New York, la cathédrale St Paul, ou les basiliques de Luján en Argentine et de Las Lajas en Colombie, pour n’en citer que quelques-unes.
C’est à cette époque que naît le style néogothique, caractérisé par des éléments décoratifs ogivaux.
Source : https://catedraismedievais.blogspot.com/2015/10/estilo-gotico-estilo-de-uma-sociedade.html
Source photo : Chabe01, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons
