Essayons de nous souvenir de la sensation que nous avons éprouvée lorsque nous avons entendu un orgue jouer pour la première fois.
La première sensation que j’ai eue a été la surprise. Je ne l’avais jamais imaginé comme cela !
La surprise a été suivie d’émerveillement : quelle élévation !
Comme cela est transcendant !
Quel mouvement ascendant !
Il atteint une hauteur telle qu’il y a une véritable audace à vouloir l’atteindre ! Comme cela perce !
Quelle âme courageuse !
Et de combien de choses cette âme a banni et s’est détachée, et avec quel enthousiasme elle s’élance vers le haut !
Combien de choses y-a-t’il en moi qui voudraient s’élever ainsi et qui donnent envie de monter !
Qu’y a-t-il à cette altitude ?
Jusqu’où cela monte-t-il et que peut-on imaginer qu’on va y trouver ?
Le jeu d’orgue soulève l’idée d’un Ciel infini, d’une sainteté, d’une pureté, d’une harmonie, d’une affabilité et d’une intransigeance absolue !
C’est là que l’âme tout entière se rend la première fois !
– L’orgue ! C’est un instrument, pas un orchestre !
Oh ! Quelle chose extraordinaire !
C’est ainsi que cela devrait être !
Ce sont des mouvements qui, cependant, passent vite dans certaines âmes.
Dans d’autres, si l’âme reste fidèle, il y a une sorte d’identité de l’âme avec elle-même et ces mouvements sont fixés pour les siècles des siècles.
L’âme n’est l’être que Dieu a créé que dans la mesure où ce mouvement l’habite et vit en elle.
Dans la mesure où l’âme n’a pas ce mouvement et ne vit pas pour Lui, elle n’est pas l’âme avec la physionomie que Dieu a voulu pour elle.
Pour être elle-même, elle doit être à l’image et à la ressemblance de Dieu.
Si elle n’est pas identique à Dieu, elle n’a pas d’identité avec elle-même.
Le mouvement de l’âme que je décris et qu’un organe peut susciter en quelque sorte, l’Église l’a toujours eu, il est inhérent à l’Église.
C’était l’état commun dans lequel les hommes vivaient, priaient, combattaient, se reposaient, festoyaient et mouraient dans l’ordre médiéval. Tout se faisait dans cette atmosphère.
Le commun des mortels devait vivre derrière des vitraux, au son des orgues, au contact du granit et, derrière des murs, avec des armes comme ornements muraux ! Tout cela, c’était commun.
Pourquoi ?
Parce que cette tendance vers le haut, ce discernement du plus élevé des plus élevés, a pénétré au plus profond de l’âme de l’homme médiéval.
Il ne concevait pas la possibilité de faire une fenêtre de chambre de serviteur sans qu’elle soit en ogive !
C’était la forme naturelle de toutes les fenêtres, de toutes les portes, de toutes les communications, des ornements, des décorations, de tout !
Cette atmosphère de vie s’est transmise à travers plusieurs générations et a été, pour les hommes, un pilier, un feu, une force que quatre ou cinq siècles de Révolution n’ont pu entièrement exterminer et qui demeure en nous sous la forme d’un précieux héritage de tradition.
(Auteur : Plinio Corrêa de Oliveira, 03/01/1981. Texte non révisé par l’auteur).
Source : https://catedraismedievais.blogspot.com/2016/01/o-orgao-e-voz-da-catedral-medieval-eco.html
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