Dans un discours adressé à la noblesse romaine, Pie XII parle des forces mystérieuses de l’hérédité.
Elles sont mystérieuses, en effet, car jusqu’à aujourd’hui les biologistes n’ont pas réussi à définir de manière satisfaisante les règles qui président à l’hérédité. Mais elle est un fait, et un fait très important, constaté sous mille aspects divers.
Chaque homme porte en lui plusieurs hérédités. Nous sommes le résultat biologique d’un nombre incalculable de courants de vie qui sont venus trouver en nous leur point de rencontre.
De même que, dans une lagune, existent des eaux provenant de divers fleuves qui s’y jettent, de même existent en nous ces hérédités. Nous sommes des réceptacles où se fondent plusieurs courants du passé.
Il y a d’abord l’hérédité physique, attestée par la ressemblance des traits, par la transmission de la santé et des défauts, de la beauté et de la laideur, de la grâce ou de la bouderie, de l’élégance ou de la gaucherie. Tout cela relève de l’hérédité.
Nous connaissons certaines familles qui se distinguent par le bon goût dans la manière de se vêtir ; d’autres, par le mauvais goût.
Un exemple bien décrit est celui de la famille Guermantes-Courvoisier, chez Marcel Proust, qui était toujours à l’avant-dernière mode.
Tout cela, bien que très lié à l’hérédité physique, l’est encore davantage à l’hérédité mentale.
Dieu crée les âmes pour les corps, et chacune est créée en adéquation avec un corps déterminé. Ainsi, lorsqu’il existe une hérédité physique, Dieu la respecte, en créant des âmes héréditairement semblables aux corps qui vont naître.
Bien que l’âme ne soit pas transmise des parents aux enfants, mais infusée par Dieu, il y a une continuité dans son œuvre.
On peut constater, dans une famille, une série de dispositions de l’âme, purement spirituelles, mais également liées à ce phénomène de l’hérédité. Nous avons alors une réalité qui, dans la famille, traverse les générations : la transmission d’un ensemble de prédicats physiques et moraux.
Cette transmission est le premier noyau de ce que l’on appelle la tradition. Tradere signifie remettre, transmettre ; c’est ce qui est transmis, ce qui est remis.
Le premier donné de la tradition est la transmission des caractères physiques et moraux.
Cette transmission des caractères physiques et moraux est accentuée par le milieu.
Supposons que moi — commentait le Dr Plinio Corrêa de Oliveira —, qui ai une inclination naturelle pour le barreau, étant né dans une famille d’avocats, j’aie été artificiellement transplanté dans une famille de financiers, qui s’occupent du prix des chaussures, de la qualité des cirages, de la hausse des cuirs, etc.
Je serais devenu un être en quelque sorte engorgé, car les aptitudes naturelles qui gisent en moi à l’état germinatif seraient restées sans possibilité de s’épanouir.
Au moment où j’aurais voulu faire un bel enchaînement de phrases, une argumentation subtile, je n’aurais trouvé dans les cirages et les chaussures aucune matière pour cela.
Il m’aurait fallu converser et m’intéresser aux cirages, en me laissant à demi contaminer par leur saleté.
Le résultat est que j’aurais peut-être pu devenir un bon commerçant de cirages, mais il y aurait eu quelque chose d’irrémédiablement brisé dans ma personne.
Les forces profondes de mon hérédité exigeaient que je sois avocat, intellectuel ; mais les circonstances de la vie auraient écrasé cet appel de mon être et m’auraient imposé une personnalité artificielle.
Comme, au contraire, j’ai été éduqué dans une famille d’avocats, mes penchants naturels ont pu se développer et j’ai pu me réaliser. Tout ce qui était en moi à l’état germinatif a éclos, a fleuri et a réalisé le peu qu’il pouvait réaliser.
Dans un milieu familial où existe une hérédité de l’âme, du corps et de l’atmosphère morale, on trouve tout un environnement spirituel qui accentue l’effet de l’hérédité, obligeant la personne à donner absolument tout ce qu’elle possède.
Mais l’hérédité est une force pleine de mystères.
Elle connaît des exceptions — il est dans sa nature d’en connaître —, parfois même glorieuses.
Il y a des hommes qui rompent brillamment la croûte des dispositions familiales pour devenir quelque chose de bien plus élevé.
Mais la règle générale demeure intacte.
Source : https://gloriadaidademedia.blogspot.com/2025/10/por-que-os-filhos-parecem-com-os-pais.html
Photo : Hugo Engl, Public domain, via Wikimedia Commons