Au Moyen Age, une lumière surnaturelle éclairait le bon sens du petit bourgeois, de l’ouvrier qualifié ou non, du maçon qui passe cinq ans à ciseler une colonne ronde, sans hâte, sans angoisse, sans rien, et qui termine à l’heure de l’Angélus.
Il termine, range ses outils de travail, rentre directement chez lui, sans errer dans les rues ni courir les femmes, et retrouve sa femme qui prépare le dîner.
Il s’assied, ses enfants l’entourent, on lui apporte des pantoufles bonnes pour des pieds d’éléphant, il les met et se met à doctoriser et à compter, puis il lit un passage de l’Écriture, etc.
Il y a une chose touchante qui se faisait à l’époque : chaque maison, quelle que soit la modestie de la famille, écrivait son livre d’histoire, dans lequel on consignait ce qui s’était passé.
« Aujourd’hui est né Petit Charles, le fils de Marie et Pierre le maçon, il est fort, il a je ne sais quoi… mais il est né avec un nez tordu. Il n’y avait pas de remède. »
Plus loin : « Untel et son frère ont été licenciés. Il a été engagé pour servir à Valence, dans le comté de Barcelone. Mais avant de partir, il veut faire un pèlerinage à tel ou tel endroit en Italie, puis il reviendra et devra être à Barcelone à telle ou telle date. »
Ils prenaient des notes sur tout ce qui se passait, et de temps en temps, pendant les longues soirées d’hiver, quand il faisait nuit tôt et que tout le monde mettait du temps à dormir – il n’y avait pas de télévision – ils lisaient le livre des souvenirs familiaux du passé.
Je trouve cela très beau. Je trouve cette stabilité merveilleuse.
J’ai encore beaucoup de la stabilité des petites gens, parce qu’en face de ma maison de la Rua Barão de Limeira, au début du 20e siècle, il y avait toute une rangée de maisons d’ouvriers mélangées avec les maisons des meilleures familles de São Paulo.
J’ai vu vivre les ouvriers. Et j’ai trouvé leur vie beaucoup plus calme que la nôtre.
Lorsqu’ils entraient chez eux, ils le faisaient lentement.
En général, quand je rentrais chez moi, je montais les escaliers tous les deux mètres, et dès que j’arrivais en haut, je sortais la clé et j’ouvrais pour faire je ne sais quoi, parce que j’avais je ne sais quoi. Et moi, ami de la paix et de la tranquillité, je soupirais et je disais : « Après tout, ces hommes-là ne tirent-ils pas le meilleur parti de la vie ?
Au fond, c’était une forme d’isolement. Et ce souvenir établissait un lien entre les choses les plus élevées, les plus surnaturelles, et les choses les plus petites, les plus insignifiantes.
Supposons qu’une femme au foyer prépare ses valises pour partir en vacances chez une cousine. Pendant qu’elle se prépare, elle se souvient de la Vierge préparant le voyage pour rendre visite à sainte Élisabeth et pense à la Visitation.
Puis, avant de partir, elle demande à Sainte Elisabeth de protéger le voyage et s’en va. Tout cela est fortement imprégné d’un parfum surnaturel.
Imaginons un homme qui, par exemple, fait frire des saucisses devant la porte d’un lieu quelconque pour les vendre au public.
Quelle est la différence entre l’homme médiéval et l’homme moderne ?
C’est que l’homme médiéval, pendant qu’il faisait frire la saucisse, considérait les horizons internes de son âme, que le travailleur manuel avait, mais qui étaient toujours plus larges, et en cela il était insatiable.
Parmi ces personnes, la Sainte Vierge a sélectionné et appelé à des horizons plus insatiables certains qui n’allaient pas nécessairement être des martyrs, mais qui pouvaient être des enseignants ou des prédicateurs comme saint Louis Grignion de Montfort !
Que fallait-il donc à chacune des catégories de l’ordre médiéval ?
Il fallait que chacun dans sa condition, sans avoir l’ambition de se promouvoir, cultive les plus hautes pensées et veuille faire de la manière la plus parfaite ce qui est propre à sa profession.
(Auteur : Plinio Corrêa de Oliveira, 28/2/91. Texte non revu par l’auteur)
Source : https://cidademedieval.blogspot.com/2014/12/a-maravilhosa-estabilidade-do-povinho.html
Source photo : https://es.m.wikipedia.org/wiki/Archivo:Chartres_-Vitrail_de_l’histoire_de_la_vie_de_saint_Jacques_le_Majeur-_Drapiers