Il s’agit d’une démarche aussi courageuse qu’inédite : treize organisations, représentant 800 000 professionnels de la santé, ont signé un texte pour rejeter l’euthanasie, cette pratique « incompatible » avec le métier du soin.
Cet « avis éthique commun » intitulé « Donner la mort peut-il être considéré comme un soin ? », dont la réponse est clairement « non », sonne comme un avertissement au chef de l’État, selon Le Figaro.
En voici quelques extraits.
Le dernier avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) relatif à la fin de vie « acte un changement majeur d’approche en envisageant une légalisation d’une forme de mort médicalement administrée », commencent par dénoncer les soignants.
« Cette recommandation, proposée au nom de la primauté nouvelle du principe d’autonomie sur le principe de solidarité questionne fondamentalement la pratique et l’éthique soignantes », soulignent-ils.
En effet, « les organisations soignantes cosignataires estiment qu’une telle légalisation conduirait inévitablement le législateur à subvertir la notion même de soin telle qu’elle est communément admise aujourd’hui », avertissent-ils. Or, « cette acception de la démarche soignante fonde et éclaire aujourd’hui des prises en charge complexes, au cours desquelles les demandes de mort comme les demandes de vie sont intimement mêlées et motivent l’engagement soignant au service de la personne soignée », rappellent les professionnels de la santé.
Si « une forme de mort administrée était légalisée », ces derniers se retrouveraient dans une position impossible. En effet, comment concilier d’une part « la primauté de la demande collective de vie sur la volonté individuelle du patient dans le cas de soins prodigués aux auteurs d’une tentative de suicide », et, d’autre part, « la primauté de la volonté individuelle de mort sur la demande collective de vie dans le cadre d’une euthanasie ou d’un suicide assisté ? », interrogent-ils à juste titre.
De plus, les premières barrières seront inéluctablement amenées à sauter les unes après les autres : « La mise en œuvre de garde-fous législatifs, manifestement provisoires en raison de la force du principe d’égalité, comme rappelé par le CCNE, ne parviendrait pas, à terme, à endiguer les menaces que l’injonction de mort ferait peser sur les personnes les plus vulnérables », mettent en garde les signataires.
C’est ce que l’on observe aujourd’hui dans tous les pays ayant légalisé l’euthanasie, notent-ils.
Le manifeste apporte également une analyse de la situation : « Actuellement, aucun pays n’a légalisé une forme de mort administrée sans insérer dans le processus la participation d’un soignant, que ce soit pour réaliser l’acte lui-même (euthanasie), pour réaliser la prescription d’un produit létal (suicide assisté modèle Oregon) ou pour réaliser une évaluation et une validation de la demande (suicide assisté modèle Suisse) ».
« L’ensemble des professionnels interrogés refusent catégoriquement la démarche euthanasique, et spécifiquement les actes de préparation, de mise en place et d’administration d’une substance létale », indique l’avis. Si le soignant n’a pas à administrer la substance létale, l’opposition des soignants est « différente ». Toutefois un consensus demeure : que ce soit une euthanasie ou un suicide assisté, « ces procédés ne peuvent pas être assimilés à un soin ». Ils doivent donc « être matériellement séparés de la pratique soignante », insistent les 800 000 professionnels.
Lucides sur le futur législatif, les soignants « demandent au Gouvernement et aux Parlementaires, s’ils décident de faire évoluer la loi, de laisser le monde du soin à l’écart de toute implication dans une forme de mort administrée ». Affirmant qu’ils « continueront d’accompagner toutes les personnes soignées de manière inconditionnelle », ils appellent également le législateur « à adopter une lecture systémique et de long terme ».
Améliorer « significativement » le cadre d’accompagnement des personnes en fin de vie doit figurer parmi les priorités. Les soins palliatifs sont la meilleure réponse.
Sources :
https://www.genethique.org/800-000-soignants-sopposent-a-leuthanasie/
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