Aucune personne sensée ne peut douter de la bataille que l’humanité mène contre Dieu. L’homme abuse certes de sa liberté pour violer le droit et le pouvoir du Créateur ; cependant, la victoire est toujours celle de Dieu ; plus l’homme s’élève avec audace dans l’attente du triomphe, plus la défaite est imminente. Ces avertissements nous sont donnés par Dieu lui-même dans les Saintes Écritures.
Tout cela, vénérables frères, nous le gardons et l’attendons avec une foi certaine. Ce qui n’empêche toutefois pas chacun d’entre nous de chercher à faire mûrir l’œuvre de Dieu : non seulement en demandant avec assiduité : « Lève-toi, Seigneur , que l’homme ne prévale pas » (Ps 9, 19), mais aussi, ce qui est plus important, par des actes et des paroles, ouvertement, à la lumière du jour, en affirmant et en revendiquant pour Dieu la suprématie sur les hommes et les autres créatures, afin que son droit de régner et son pouvoir soient vénérés et fidèlement observés par tous.
Ce n’est pas seulement une exigence naturelle, mais un bienfait pour toute l’humanité. Comment vos esprits, vénérables frères, ne seraient-ils pas envahis par la crainte et la tristesse en voyant que la majeure partie de l’humanité, tout en s’enorgueillissant à juste titre de ses progrès, se livre à une guerre si atroce qu’elle ressemble presque à une lutte de tous contre tous ? Le désir de paix touche sans doute le cœur de tous et il n’y a personne qui ne la réclame avec véhémence. Cependant, une fois Dieu rejeté, on cherche la paix en vain, car la justice est bannie là où Dieu est absent ; et la justice étant supprimée, on attend en vain la paix. « La paix est l’œuvre de la justice » (Is 32, 17).
Nous savons que nombreux sont ceux qui, poussés par leur désir de paix, de tranquillité et d’ordre, se regroupent en factions qu’ils appellent « d’ordre ». Oh, vains espoirs et vaines préoccupations ! Le parti de l’ordre qui peut réellement ramener la paix après le désordre est unique : celui de ceux qui sont du côté de Dieu. Il faut donc le promouvoir et y attirer tous ceux qui sont animés par leur amour de la paix.
Et en vérité, vénérables frères, ce retour de toutes les nations du monde à la majesté et à l’empire de Dieu ne se produira jamais, quels que soient nos efforts, si ce n’est par Jésus le Christ. Car l’Apôtre avertit : « Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ » (1 Co 3, 11). C’est évidemment lui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde (Jn 10, 36) ; la splendeur du Père et l’image de sa substance (He 1, 3), vrai Dieu et vrai homme : « sans lequel personne ne pourrait connaître Dieu comme il se doit ; car personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler » (Mt 11, 27).
On en conclut que tout rétablir dans le Christ et amener les hommes à se soumettre à nouveau à Dieu, c’est la même chose. C’est donc là que nous devons diriger nos efforts pour soumettre le genre humain à la puissance du Christ : avec lui à sa tête, l’humanité reviendra bientôt vers Dieu lui-même. À un Dieu qui n’est pas celui, impitoyable et méprisant envers les humains, que les matérialistes ont imaginé dans leurs délires, mais le Dieu vivant et véritable, un en nature, trois en personnes, Créateur du monde, qui prévoit tout avec une grande sagesse, et aussi législateur très juste qui punit les pécheurs et réserve la récompense aux vertueux.
Sources : https://www.tesorosdelafe.com/articulo-2054-la-victoria-siepre-estara-con-dios
Encyclique «E Supremi Apostolatus » de Saint Pie X, datée du 4 octobre 1903.
http://w2.vatican.va/content/pius-x/fr/encyclicals/documents/hf_p-x_enc_04101903_e-supremi.html
Photo : Ernest Walter Histed, Public domain, via Wikimedia Commons
