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Le labyrinthe des cathédrales, un mystère déchiffré

Dans la cathédrale de Chartres, en France, se trouve le labyrinthe le plus connu du monde. Il a servi d’inspiration et de modèle à beaucoup d’autres, encore présents dans les cathédrales de grande respectabilité de l’univers catholique.

On sait que beaucoup de ces labyrinthes ont été détruits pendant les siècles des lumières ou d’anticatholicisme.

Mais que fait un labyrinthe gravé sur le sol ? Quelle est la fonction de ce dessin mathématique dans l’enceinte sacrée d’une cathédrale ?

Le terme « labyrinthe » désigne un parcours sinueux, avec ou sans croisements, impasses et fausses pistes, destiné à perdre ou tromper l’intrus qui y pénètre.

Ceux qui visitent Chartres peuvent trouver des gens en train d’exécuter un étrange rituel. Ils parcourent ce labyrinthe avec des airs de recherche d’énergie provenant de forces telluriques obscures.

En un mot, il s’agit plus d’une superstition “New Age” de type néo-païen, qui n’a rien à voir avec la cathédrale de Chartres. Dans l’enceinte de la cathédrale de Chartres ou dans sa boutique de souvenirs, personne ne pouvait m’expliquer la raison d’être du labyrinthe .

Si j’évoquais la croyance ridicule du Nouvel Âge, les commerçants souriaient. Pour eux, c’était encore une bêtise dans laquelle des guides sans scrupules font tomber des touristes américains avides d’extravagances.

Dans une librairie érudite, un étudiant qui préparait sa maîtrise m’a indiqué le livre qui résoudrait ce qui était une énigme pour moi : “Chartres : le labyrinthe déchiffré”, de John et Odette Ketley-Laporte, Éditions Garnier.

Et c’est ce qui s’est passé.

De retour à la maison, j’ai pu le lire. Voici quelques-unes des informations intéressantes qui nous ramènent au sens chrétien authentique – et très oublié – du labyrinthe des cathédrales.

Les labyrinthes de l’Antiquité

Les labyrinthes dont on parle le plus sont ceux des pyramides d’Egypte et de l’île de Crète, dans la zone de culture hellénique.

Dans les deux cas, tout semble indiquer qu’il ne s’agissait pas de constructions matérielles, mais surtout mythologiques.

On attribue au pharaon Amenemhat III (1860 a.C. – 1814 a.C) la construction d’un palais monumental dans la dépression de Faium, près du lac Meris (actuellement Birket-Karoun). Le palais aurait eu près de trois mille salles, reliées par un système complexe de couloirs sur plusieurs niveaux. Ce bâtiment a été nommé par les Grecs le Labyrinthe. Mais il n’en reste plus rien.

La légende du labyrinthe, cependant, a survécu au palais. Selon elle, dans l’édifice vivait le dieu Anubis, divinité avec une tête de chien, qui à travers un fil menait jusqu’au dieu suprême les âmes des pharaons défunts, surmontant les dangers de l’abîme éternel.

Selon Hérodote, la légende du palais d’Amenemhat III aurait inspiré l’architecte Dédale – chargé par Minos, roi de Crète – de construire une prison pour le monstre Minotaure.

La légende du labyrinthe de Dédale est celle qui a le plus marqué l’Occident. Il y a eu des efforts intenses pour localiser ses ruines ou au moins l’endroit où il aurait pu se trouver.

La légende grecque est une adaptation de la mythologie égyptienne : Ariadne, fille du roi de Crète, donna au héros Thésée, comme preuve d’amour, la pointe d’un écheveau de laine qu’elle déroulait.

Thésée ne devait jamais le lâcher pour ne pas se perdre dans le Labyrinthe et atteindre enfin le salut ou la paix éternelle.

Au milieu du labyrinthe, Thésée trouva le démon Minotaure, et finit par le vaincre, et grâce au fil elle atteignit le salut.

L’Antiquité a laissé peu de traces d’un labyrinthe.

Le labyrinthe chez les chrétiens

C’est avec le christianisme que le labyrinthe acquiert toute sa dimension symbolique, religieuse et morale.

Le premier labyrinthe chrétien restauré est celui de la Basilique Saint-Réparateur, aujourd’hui en ruine, construite dans le style romain en 324 à El-Asnam (Algérie).

Ce labyrinthe est une mosaïque, à l’exemple de tout le sol de l’église. Ses dimensions – 2,40 mètres sur 3 – montrent qu’il n’a pas été fait pour être parcouru à pied, mais accompagné par le regard.

Chaque pierre de la mosaïque a une lettre, le fidèle devant trouver au milieu d’elles la phrase Sancta Mater Ecclesia (Sainte Mère l’Église). Son explication est que l’Eglise est la bonne voie au milieu de la confusion de cette terre.

A partir du VIe siècle, des labyrinthes de plus grande beauté et perfection apparaissent dans les églises du nord de l’Italie, comme à San Vitale (Ravenna).

Mais c’est dans les grandes cathédrales médiévales françaises de Poitiers, Amiens, Arras, Auxerre, Reims, Bayeux, Chartres Mirepoix, Saint-Omer, Saint-Quentin et Toulouse, entre autres, que le labyrinthe a atteint sa plénitude.

Le labyrinthe le plus complet est sans doute celui de la cathédrale de Chartres, construite sur son vaisseau central vers l’an 1200 et mesurant environ 13 mètres de diamètre.

Il est rond et ses pierres noires marquent le parcours – en pierres blanches – à faire à pied ou à genoux. Le bord est finement sculpté, ainsi que le centre, entouré par un dessin fleuri.

La dentelle de pierre qui entoure le labyrinthe établit une frontière entre le sacré et le profane.

Le labyrinthe de Chartres associe la spiritualité cistercienne au désir de faire de la cathédrale un modèle de perfection achevée, miroir de l’Ordre de l’Univers.

Au centre du labyrinthe, il y avait une extraordinaire plaque de cuivre. Nous ne savons pas quelles images y étaient représentées, car elles étaient déjà très effacées quand les témoins post-médiévaux les ont vues.

L’impiété sacrilège de la Révolution française a arraché cette plaque sous prétexte de la fondre et d’en faire des canons pour la République.

Le jour de la fête de l’Assomption de Notre-Dame (dans le calendrier julien, toujours en usage au Moyen Âge), un rayon de soleil traversait le vitrail central de la façade et projetait l’image de la Vierge sur le cuivre, produisant un effet lumineux coloré d’une splendeur incomparable.

Ce centre, appelé le Paradis, ou aussi Jérusalem, désignait la Jérusalem céleste et la ville de Jérusalem pour laquelle les Croisés combattaient.

Dans la cathédrale de Reims, le parcours à l’intérieur du Labyrinthe portait le nom de “Chemin de Jérusalem” et on le parcourait en récitant les prières contenues dans un livret de dévotion spéciale.

Celui qui entre dans le Labyrinthe doit marcher à travers onze anneaux jusqu’au Paradis. Le chiffre 11 est symbolique et indique un chemin à parcourir par le pécheur.

“Le numéro 11 – écrit R. Allendy – est le symbole de la lutte intérieure, de la dissonance, de la dérive. Saint Augustin dit que c’est le nombre de la transgression de la loi, car il dépasse d’un le nombre dix qui est le nombre du Décalogue. (…)” 

Les auteurs ajoutent : “Puisque la notion de pénitence est indissociable de l’idée de péché, nous pensons immédiatement aux fidèles qui, pour faire pénitence au Moyen Âge, parcouraient le Labyrinthe à genoux”.

Ces onze anneaux signalent l’ensemble des péripéties que l’homme conçu dans le péché doit traverser au cours de sa vie.

Il rencontre des obstacles, des virages et des détours, des revers inattendus qui l’obligent à tout recommencer.

Notre vie est pleine de ces allées et venues, de ces virages qu’on ne comprend pas, des annihilations apparentes du travail réalisé, de la nécessité de redémarrer encore et encore.

Leçon morale du Labyrinthe

Ces situations de la vie réelle, dans lesquelles le chemin semble perdu et le travail d’une vie perdue, où l’on ne voit plus le point d’arrivée, sont aussi des moments de tentation.

Tentation de découragement, de désespoir, de laisser tomber, de renoncer au chemin, d’abandonner le salut.

Tels sont les moments de l’ange de la perdition – représenté par le démon Minotaure de la légende de Crète – qui représente de façon païenne le démon du désespoir qui assaille les hommes au milieu d’une certaine courbe de la vie.

Mais, dans le Labyrinthe de Chartres, est également représenté l’écheveau mystérieux qui aide le pécheur à ne pas se perdre et à vaincre la tentation : la grâce divine.

Avec un développement mathématique et symbolique détaillé, John et Odette Ketley-Laporte montrent que le centre du Labyrinthe représente notre Seigneur Jésus-Christ.

C’est pourquoi Celui qui est le créateur de la grâce et qui la dispense à tous ceux qui ont persévéré dans le labyrinthe de la vie, en empêchant qu’ils se perdent ou tombent dans les pièges et les embuscades qui sillonnent le passage de l’homme sur la terre.

Il y a une seule condition pour le fidèle : ne jamais lâcher le fil de la pelote, même au moment où tout semble aller à contre-sens, ou retourne en arrière.

Notre Dame au centre du Labyrinthe

Mais ce n’est pas tout. La cathédrale de Chartres est entièrement dédiée à la Mère de Dieu. C’est Elle qui administre l’écheveau du Fils et nous donne le fil, permettant d’être fidèles et d’atteindre son Divin Fils, après avoir traversé toutes les vicissitudes de cette vie.

C’est fortement symbolisé à Chartres.

Par exemple, le parcours du Labyrinthe ou le ‘Chemin de Jérusalem’ se compose de 273 pierres.

Elles additionnent les jours des neuf mois de la gestation, parce que la Vierge porte au Ciel l’âme du pécheur qui parcourt avec un cœur contrit et humilié le chemin vers la Patrie céleste, guidé par Elle par le fil de la grâce de son Fils.

La dernière pierre du ‘Chemin de Jérusalem’ a une taille différente de toutes les autres et la proportion du corps humain.

Elle représente de façon symbolique le catholique qui, après avoir accompli un chemin plein d’incertitudes, arrive à la porte du Paradis, se prosterne et implore la Vierge de le présenter à son Divin Fils.

Comme le pécheur, qui ne perd pas de vue la Vierge, va et vient, peut-être pense-t-il parcourir un chemin chaotique. Mais les auteurs du livre montrent comment, en réalité, ces allées et venues dans le Labyrinthe dessinent deux fois le monogramme marial – la lettre M – de façon surprenante.

Le Labyrinthe de Chartres est bien une “via Maria”, car avec lui, la Vierge nous fait parvenir le salut éternel par son intercession, et c’est grâce à Elle que le fidèle triomphe sur les événements de la vie mortelle.

Cette dernière pierre a un autre symbolisme en plus.

Deux jours avant la fête de l’Assomption, le rayon de soleil dont nous avons parlé ci-dessus projette l’image de la Vierge sur cette pierre. C’est la date présumée du Sommeil de Marie : le pas préalable à l’Assomption.

Deux jours plus tard, à la fête de l’Assomption, l’image était projetée sur une splendide plaque de cuivre.

Triomphe final sur le Labyrinthe

La sagesse des bâtisseurs des cathédrales surprend l’étroitesse des raisonnements modernes.

Et le Labyrinthe de Chartres nous fournit un merveilleux exemple :

Le dimanche de Pâques, après les célébrations liturgiques, les chanoines de la cathédrale avaient la tradition de faire un innocent jeu de balle juste au-dessus du Labyrinthe, tout en chantant la séquence Victimae Pascali Laudes (À la Victime Pascale nous offrons un sacrifice de louange).

Comme celui qui proclame, par les paroles et les gestes, que le Christ a surmonté toutes les vicissitudes du Labyrinthe par sa Vie, sa Passion, sa Mort et sa Résurrection.

Le Labyrinthe a été vaincu et Notre Seigneur est sur un trône au plus haut des Cieux, recevant la louange éternelle de ses anges et de ses saints.

C’est ce que chantera un jour, mutatis mutandis, l’âme fidèle qui a parcouru le labyrinthe de sa vie avec les yeux fixés sur la Vierge.

A la fin de l’existence, les sinuosités du Labyrinthe seront définitivement restées en arrière, et l’âme qui a persévéré s’élèvera au Ciel.

Elle y reposera pour l’éternité, contemplant la beauté incommensurable de la Vierge et la gloire infinie de Dieu.

Voilà quelques significations et symboles du Labyrinthe.

Source : https://cienciaconfirmaigreja.blogspot.com/2013/01/o-labirinto-das-catedrais-simbolismos-e.html

Source photo : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Labyrinth_at_Chartres_Cathedral.JPG

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