Par Atilio Faoro
Une révolution silencieuse agite l’Église catholique américaine. Et elle pourrait bien réveiller, chez les jeunes catholiques français, l’espérance d’un véritable renouveau spirituel.
Un article du Wall Street Journal, publié le 21 avril 2025, met en lumière un phénomène en grande partie ignoré des médias français : la montée en puissance, aux États-Unis, d’une nouvelle génération catholique conservatrice, jeune, fervente, résolue à défendre la Tradition, la liturgie, la foi et même… la civilisation chrétienne.
À l’heure où l’Église de France connaît un regain de conversions – en témoignent les baptêmes record d’adultes et de jeunes célébrés à Pâques 2025 –, il est crucial de comprendre cette dynamique américaine. Car elle annonce peut-être ce que nous commençons à peine à entrevoir dans notre propre pays.
Une jeunesse attirée par la radicalité évangélique et la beauté liturgique
Ce que nous décrit l’enquête du Wall Street Journal, c’est un véritable retournement de situation : alors que l’Église catholique semble en déclin dans de nombreux pays occidentaux, les milieux conservateurs américains connaissent une croissance impressionnante, tant en nombre qu’en influence.
On assiste à un engouement massif de jeunes adultes pour la messe traditionnelle en latin, la redécouverte de la doctrine sociale de l’Église, l’étude des Pères de l’Église et la pratique rigoureuse des sacrements. À l’image du vice-président américain JD Vance, converti à 35 ans, de nombreux jeunes sont passés de l’athéisme ou du relativisme à une foi catholique enracinée dans la Tradition.
Ce retour aux sources prend forme dans les séminaires, de plus en plus fréquentés par des jeunes « orthodoxes », dans les universités (comme la Franciscan University de Steubenville ou le Benedictine College au Kansas), et dans des instituts de formation comme l’Institut Augustin, devenu un centre intellectuel majeur du catholicisme américain traditionnel.
Des prêtres jeunes et conservateurs : la nouvelle normalité ?
Une étude du Catholic Project, menée auprès de 3 500 prêtres américains, révèle que près de 80 % des prêtres ordonnés depuis 2020 se déclarent conservateurs ou orthodoxes. Une rupture avec les générations précédentes, où la majorité penchait vers une approche plus libérale du magistère et de la pastorale.
Et ce phénomène n’est pas isolé : il touche désormais toutes les sphères de la vie catholique aux États-Unis. Des médias comme Daily Wire donnent une voix aux jeunes catholiques fiers de leur foi. Des mouvements comme CatholicVote articulent foi et engagement civique. Des figures médiatiques comme Michael Knowles ou Brittany Hugoboom assument publiquement leur attachement à la Tradition.
Ce réveil s’accompagne d’un message clair : « notre avenir est dans notre passé ». C’est en revenant aux fondements – au catéchisme, aux rites, à la doctrine solide – que l’Église pourra sortir de la
confusion et de l’effondrement.
Un parallèle frappant avec ce qui germe en France
Faut-il s’étonner, alors, que ce mouvement reste pratiquement passé sous silence en France ? Nos médias, même catholiques, semblent réticents à faire connaître cette jeunesse fervente et conservatrice. Peut-être par peur qu’elle inspire nos propres jeunes catholiques, qui eux aussi montrent des signes de réveil.
Le dimanche de Pâques 2025 a été marqué par un record : 17 135 adultes et jeunes ont reçu le baptême en France, dont une majorité de jeunes de 18 à 30 ans. Et dans beaucoup de diocèses, on constate que ce sont les paroisses proposant la messe traditionnelle ou une liturgie soignée qui attirent le plus de familles et de vocations.
Ce frémissement, encore timide, trouve une confirmation éclatante dans ce qui se passe outre-Atlantique. Il nous dit que la foi n’est pas condamnée au déclin, à condition de ne pas la diluer.
Ce n’est pas en édulcorant l’Évangile que l’on attire les âmes
Pendant trop longtemps, une certaine élite ecclésiale a cru qu’il fallait adapter l’Église au monde moderne pour la sauver. Le résultat ? Des bancs vides, une perte d’identité, une transmission catéchétique désastreuse.
Mais aux États-Unis, une génération s’est levée pour dire : non au relativisme, non à une pastorale floue, non à une foi réduite à un message social. Ce qu’elle veut, ce sont des réponses claires, des vérités solides, une liturgie digne, un idéal élevé – bref, le sel de l’Évangile, dont parle Notre-Seigneur : « Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? »
Un espoir pour notre jeunesse et pour l’avenir de l’Église
Oui, l’avenir de l’Église peut être lumineux. Mais il passe par un retour sans compromis à la fidélité doctrinale, à la beauté de la liturgie, à la radicalité de l’Évangile.
L’expérience américaine nous le montre : ce ne sont pas les compromis qui suscitent les vocations, mais l’appel à la sainteté. Ce qui se passe aujourd’hui aux États-Unis pourrait bien être le prélude de ce qui se prépare aussi chez nous, en France, chez nos enfants, nos petits-enfants, ces jeunes qui cherchent une lumière dans la nuit.
Encore faut-il oser la leur proposer. Et si, nous aussi, nous choisissions d’être le levain dans la pâte ?
Source : Joshua Chaffin et Aaron Zitner, « Conservative Catholics in U.S. Gain Influence », The Wall Street Journal, 21 avril 2025.
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