Lors de la solennelle intronisation du Pape Léon XIV — moment où s’élève sur le trône de Saint Pierre le très doux représentant de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur la Terre — un détail a attiré l’attention des âmes les plus sensibles aux nuances de la tradition.
Au milieu de l’uniformité austère des vêtements noirs féminins — comme l’exige la tradition devant le Vicaire du Christ — quelques silhouettes vêtues de blanc ont resplendi, tels des éclairs d’une tradition vivante.
Peu savaient alors expliquer la raison de cette tenue. Ce n’était ni une rébellion, ni une coquetterie. C’était une tradition. Et plus qu’une tradition : un signe.
Mais ceux qui connaissent la portée profonde des symboles catholiques ont reconnu là un vestige précieux de ce que l’on appelait autrefois la Chrétienté.
Qu’est-ce que le « privilège du blanc » ?
Selon l’étiquette traditionnelle de la Cour Pontificale, les femmes pieuses devaient se présenter devant le Pape en robe noire, avec voile noir, modestie et recueillement.
Cependant, quelques rares dames — reines catholiques, représentantes de l’autorité temporelle fidèle au trône de Pierre — étaient autorisées à se vêtir de blanc.
Cette coutume, connue sous le nom de privilège du blanc, remonte à l’époque où le trône royal s’inclinait devant l’autel tout en le défendant l’épée dégainée.
Ce blanc n’exprime pas une égalité avec le Pape, mais un hommage solennel à la royauté catholique qui, au fil des siècles, a combattu le bon combat pour la Foi.
C’est, pour ainsi dire, une auréole historique accordée aux couronnes qui n’ont jamais trahi la Croix.
La noblesse catholique et sa mission providentielle
Pour comprendre la profondeur de cette tradition, il suffit de se rappeler les paroles de Pie XII à la noblesse romaine, le 5 janvier 1941 : « La noblesse, de par sa nature, possède une fonction représentative, qui n’est pas seulement décorative, mais essentiellement morale : celle d’offrir à la collectivité un modèle de vie conforme à la dignité de sa condition. »
Et dans une autre allocution, en 1946, il ajoutait : « La noblesse chrétienne doit conserver, développer et transmettre l’héritage de nobles sentiments et de traditions qui constituent sa gloire. »
Or, si telle est sa mission, il n’est pas surprenant que l’Église, dans sa sagesse, reconnaisse ce rôle même dans la forme cérémonielle.
Le privilège du blanc est donc un témoignage visible de cette distinction : non une concession à la vanité, mais un hommage à la mission spirituelle des maisons régnantes qui ont conservé la Foi, combattu les hérésies, fondé des monastères, protégé les missionnaires et soutenu l’Église.
Occasions où le privilège fut utilisé
Ces dernières décennies, peu de femmes ont exercé ce privilège.
La Reine Sophie d’Espagne, convertie au catholicisme, l’a utilisé lors d’audiences avec Jean-Paul II. Sa successeure, la Reine Letizia, l’a également porté lors de visites à Benoît XVI et au Pape François.
La Reine Paola de Belgique, épouse du Roi Baudouin, ainsi que l’actuelle Reine Mathilde, ont maintenu cette coutume lors de plusieurs audiences.
La Grande-Duchesse Maria Teresa de Luxembourg s’est également vêtue de blanc lors de ses visites à Benoît XVI et au Pape François.
En revanche, d’autres souveraines ont respecté le protocole traditionnel.
La Reine Máxima des Pays-Bas, protestante, a visité le Pape François en 2016 vêtue de noir, selon l’étiquette. Il en fut de même pour la Reine Rania de Jordanie, musulmane, qui s’est toujours présentée en noir lors de ses audiences pontificales.
Actuellement, le privilège du blanc est reconnu aux maisons royales d’Espagne, de Belgique, de Luxembourg et, à titre honorifique, à la Maison Bourbon-Deux-Siciles.
Il ne s’agit pas d’un honneur personnel, mais d’un signe profond : témoignage d’une fidélité historique, mission catholique de la royauté et lueur de lumière qui, même en temps de ténèbres, continue à briller avec dignité.
Sources : https://fr.aleteia.org/2017/05/30/seules-7-femmes-au-monde-peuvent-porter-du-blanc-devant-le-pape
Photo : Tokuburai, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons