Du bienheureux Charles de Blois, dont le général Silveira de Melo, dans le livre « Santos Militares » dit ce qui suit : (1ère édition, 1953. Dép. Imp. Nacional).
« Charles de Blois était le fils du comte de Blois, Louis de Fitillon, et de la princesse Marguerite, sœur de Philippe de Valois. Il reçut une éducation complète et fut très bien formé militairement. Il épouse Jeanne, fille de Guy et petite-fille de Jean III, duc de Bretagne, et reçoit à la mort de ce dernier le duché en héritage de sa femme en 1341.
« Il prit le gouvernement de cette province avec beaucoup d’enthousiasme de la part des nobles et de ses vassaux les plus humbles. Cependant, le comte de Montfort, frère du duc défunt, revendique le droit à la succession et prend les armes pour le revendiquer, avec le soutien des Anglais, tandis que la France se range du côté de Charles.
« Le jeune comte de Blois s’opposa à son adversaire. Vingt-trois ans s’écoulent dans cette lutte que les Anglais attisent de l’extérieur. En 1346, à la bataille de la Roche Darrien, Charles subit un revers et se constitue prisonnier.
« On l’enferma dans la Tour de Londres, où il resta prisonnier pendant neuf ans. Les prières qu’il fit dans cette captivité furent de nature à assurer la continuité du gouvernement de la Bretagne ».
« La princesse Jeanne, son énergique épouse, s’occupe des affaires publiques et de la guerre, et maintient une attitude énergique pour la libération de son mari. Libre, Charles poursuit ses opérations militaires avec plus de vigueur. Il y eut des revers et des avantages de part et d’autre, jusqu’à ce qu’enfin, en 1364, le 29 septembre, fête de l’archange saint Michel, le saint et courageux duc tombe mort à la bataille d’Auray ».
« Ce voyage héroïque, le dernier de sa vie, commença par la réception par Charles des sacrements de la confession et de l’Eucharistie. Il mourut comme il avait vécu, car au milieu de toutes les luttes qu’il eut à soutenir, il ne se relâcha jamais de ses exercices de piété et d’austérité, de même qu’il ne cessa jamais d’entreprendre des travaux qui intéressaient la Religion et ses sujets ».
« Ses vertus étaient si évidentes que peu après sa mort, en 1368, le processus de béatification a commencé. Saint Pie X a confirmé son culte le 14 décembre 1904. Il est vénéré le jour de sa mort, le 29 septembre, mais son culte particulier à Blois a lieu le 20 juillet ».
On voit qu’il est le patron des guerriers.
Il y a deux façons de patronner les guerriers : l’une consiste à considérer le guerrier comme un guerrier de la foi, un combattant de la doctrine catholique et de l’Église catholique.
Mais c’est la fonction du guerrier avec un ajout qui est extrinsèque, qui n’est pas intrinsèque et qui n’est pas nécessaire à la condition du guerrier, c’est-à-dire que le guerrier réalise la plus grande sublimité de sa Vocation lorsqu’il combat pour la foi.
Il n’est pas normal qu’un guerrier combatte uniquement pour la foi, surtout lorsqu’il ajoute à son titre l’auréole de croisé.
Le bon guerrier est celui qui mène une guerre juste pour son pays, pour défendre le bien commun, même s’il s’agit du bien commun temporel de ceux qui lui sont confiés.
Le bienheureux Charles de Blois était duc de Bretagne en vertu d’un héritage reçu de son épouse.
Mais l’oncle de sa femme se rebelle contre lui et lui fait la guerre. Il est donc l’autorité légitime qui lutte contre un vassal infidèle et rebelle.
De plus, il s’agit de l’intégrité du royaume de France, car l’oncle de sa femme, l’oncle de la princesse de Blois, est lié aux Anglais qui veulent dominer et anéantir la France.
Il se bat donc pour l’intégrité du territoire français, il se bat pour que la Bretagne dépende de la France plutôt que de l’Angleterre.
Ce combat pour la France avait une signification religieuse lointaine, car la France était la nation préférée de Dieu, la fille aînée de l’Église. L’Angleterre était alors une nation catholique, mais elle deviendrait plus tard protestante.
Cette considération religieuse nous fait comprendre la nature providentielle de la lutte. En tant que duc, il avait en tête de lutter pour l’intégrité du territoire de son pays voisin, la Bretagne, et de son pays plus général, la France.
Il subit près de 30 ans d’échecs dans cette lutte, dont neuf ans de prison. Mais il a su communiquer son ardeur guerrière à son épouse qui, pendant les neuf années où il a été emprisonné à la Tour de Londres, s’est elle aussi battue vaillamment pour préserver le duché.
En le canonisant, l’Église a voulu canoniser le parfait seigneur féodal. Elle a voulu élever à l’honneur des autels un seigneur féodal patriarche de ses terres, aristocrate et combattant qui a su verser le sang pour les siens. C’est l’incarnation du seigneur féodal.
Pour les révolutionnaires qui s’élèvent contre la féodalité, la canonisation du bienheureux Charles de Blois par l’Église est un démenti retentissant.
Elle montre en effet que la fonction est digne et sainte, qu’elle peut et doit être exercée avec dignité et sainteté, et qu’elle permet d’accéder à l’honneur des autels.
De nombreuses personnes de haut rang dans la hiérarchie féodale sont devenues des saints. En revanche, il n’y a pas d’exemples de saints présidents de la République, à l’exception de Gabriel Garcia Moreno, président de l’Équateur.
Les institutions ont une psychologie, une mentalité, tout comme les individus.
Et la nature des institutions féodales était de conduire à la sainteté, tout comme, à l’inverse, les institutions qui présupposent une égalité totale conduisent au contraire de la sainteté, qui est l’esprit de la Révolution.
(Auteur : Plinio Corrêa de Oliveira, extraits de la conférence du 28.9.68, non revus par l’auteur.)
Source : https://heroismedievais.blogspot.com/2014/11/beatificando-carlos-de-blois-igreja.html
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