Par Patrick Sbalchiero
Charbel Maklouf est le fils d’une famille de paysans libanais très pieux. Dès sa jeunesse, il est attiré par la vie monastique. Il entre à vingt ans au monastère maronite Notre-Dame de Mayfouk, et est ordonné prêtre en 1859. Il passe ensuite seize ans dans le monastère Saint-Maron d’Annaya, avant de se retirer dans un ermitage voisin. Charbel meurt le 24 décembre 1898, pendant la vigile de Noël. Ce très humble moine maronite du XIXe siècle est devenu un symbole national au Liban. C’est l’un des saints à qui l’Église attribue le plus de miracles – environ 29 000 à ce jour –, parmi lesquels certains sont uniques dans toute l’histoire du christianisme.
La dépouille de saint Charbel a été exhumée et analysée plusieurs fois (la dernière date de 1950, soit 52 années après sa mort), à des époques différentes et par des témoins variés. Ces derniers observent tous que son corps est identique à celui d’un dormeur. Il exsude aussi un liquide au contact duquel nombre de guérisons se produisent. Ce liquide s’écoule du corps de saint Charbel pendant 79 ans, soit jusqu’à l’année de la canonisation.
Très étrangement, son corps saigne de la même façon qu’un être vivant. Les saignements observés lancent un défi à la science, incapable encore aujourd’hui d’expliquer comment un organisme mort peut continuer d’émettre du sang frais durant des décennies. La quantité invraisemblable de sang écoulé du corps depuis 1898 n’a aucune explication naturelle.
Charbel, premier maronite canonisé par l’Église catholique, est universellement aimé en Orient comme en Occident depuis plus de 120 ans, sans discontinuité.
En soi, la vie de saint Charbel n’a que peu de relief, puisqu’il passe plus de 40 ans au monastère de Mar Maroun d’Annaya, au Nord-Liban, dont 23 en qualité d’ermite. Lorsqu’il frappe à la porte du monastère, il a 20 ans. Originaire du village montagneux de Bqaa Kafra, c’est un jeune homme modeste, presque effacé, sans diplôme universitaire et sans autre ambition que de servir Dieu. (…)
Le jeune Charbel est impressionné par deux de ses oncles, qui ont tout quitté pour se retirer dans des grottes de la montagne libanaise. Leur exemple hantera longtemps la mémoire du saint. Un jour, il quitte le domicile familial et passe une année dans la solitude la plus complète, au pied du monastère Notre-Dame de Mayfouk. Puis ses confesseurs l’envoient au monastère Saint-Maron, à Annaya, où il prend l’habit le 1er novembre 1853. Il est ordonné prêtre six ans plus tard. Jusqu’au jour de sa mort, le 24 décembre 1898, il met en pratique les vertus évangéliques, prie, adore le Saint-Sacrement et récite chaque jour le rosaire. Le pape Paul VI le proclame bienheureux en 1965, puis l’élève sur les autels en 1977. Sa biographie se limite à ces quelques mots.
Cependant, saint Charbel est mondialement célèbre. On lui attribue environ 126 000 miracles, faisant de lui le plus grand thaumaturge de toute l’histoire. De son vivant, déjà, il intercède auprès de Dieu avec un immense succès, et les guérisons continuent encore aujourd’hui.
Ses biographes font remonter son premier miracle aux environs de 1850. À cette époque, Charbel veut devenir ermite et, à cet effet, il demande la permission de s’installer dans une grotte appartenant aux religieux du monastère Notre-Dame de Mayfouk. Avant de prendre sa décision, l’abbé veut obtenir un signe de Dieu. Une nuit, Charbel demande à un serviteur de mettre de l’huile dans sa lampe. Par inadvertance, ce dernier y verse de l’eau. Malgré cela, la lampe s’allume et la flamme brille toute la nuit. Ce miracle est rapporté le lendemain matin à l’abbé, qui autorise le saint à s’installer dans l’anfractuosité de la montagne.
Les guérisons miraculeuses sont si nombreuses qu’il est difficile d’en extraire quelques-unes. Vers 1875, Charbel est appelé au chevet d’un enfant mourant, atteint de fièvre typhoïde. Le petit est à l’agonie, la fièvre élevée lui ayant fait perdre connaissance depuis plusieurs jours. Charbel prie à ses côtés et lui passe un mouchoir mouillé sur le front. Soudain l’enfant s’éveille et s’exclame : « Père Charbel ! » Charbel annonce alors : « Glorifiez Dieu, le malade est guéri ! Donnez-lui à manger ! » L’enfant vivra jusqu’à 85 ans et, devenu médecin, soignera plusieurs fois le futur saint.
Un jour, un certain Maroun Abi Ramia se rend à l’ermitage d’Annaya afin de solliciter la prière du saint et de l’eau bénite pour son fils gravement malade. Les médecins lui ont annoncé que la guérison était désormais impossible. Après avoir obtenu de Charbel la certitude qu’il priera en faveur de son fils, Maroun quitte l’ermitage. Il reste néanmoins affligé, ce qui n’a pas échappé à Charbel. Celui-ci demande alors à un frère, qui passe à proximité, de prévenir Maroun qu’il n’est plus nécessaire de se hâter « car son fils est bien portant ! » Lorsque l’homme arrive chez lui, il trouve son fils guéri.
Les miracles accomplis par l’intercession du saint ermite ne se limitent pas aux guérisons, aussi impressionnantes et définitives soient-elles. Certains des prodiges recensés sont d’allure biblique. À plusieurs reprises, des sauterelles envahissent la région du monastère, ravageant les cultures aux alentours. Les paysans appellent presque chaque année le père Charbel afin qu’il asperge les champs d’eau bénite : à chaque fois, les sauterelles quittent les champs bénis et prennent une autre direction. Il existe des preuves topographiques de ces miracles : certaines fois, le miracle est si remarquable que seuls les champs bénis par Charbel restent intacts, au milieu d’un paysage entièrement dévasté par les nuées d’insectes.
Mais le grand miracle de saint Charbel est incontestablement celui de l’incorruption de son corps et de la sudation ininterrompue d’huile de son tombeau depuis 125 ans. Le 15 avril 1899, on décide de pratiquer une première exhumation, car le phénomène de clarté s’élevant de sa tombe est encore observable. C’est la stupeur et la joie : le corps est intact, situation d’autant moins rationnelle que le cercueil baigne dans quantité d’eau et de boue. La sérénité du visage du saint émeut les témoins. (…)
Bien des années après sa disparition, Charbel continue d’intercéder avec succès auprès de Dieu. Le miracle retenu pour la canonisation de Charbel est exceptionnel. Nohad El-Chami, une Libanaise, est mère de douze enfants. Vers l’âge de 55 ans, elle est atteinte d’une hémiplégie causée par une artériosclérose au cou. Elle se retrouve alitée, incapable de se nourrir seule, et sans espoir de guérison. Une nuit, elle est réveillée par la présence de deux moines dans sa chambre. Elle les reconnaît : ce sont saint Maron et saint Charbel. Ce dernier lui annonce être venu pour l’opérer. Nohad prend peur et se met à implorer la Vierge Marie, qui apparaît à son tour et se place entre les deux saints. Elle voit Charbel se pencher sur elle et l’examiner. Elle ressent à cet instant une vive douleur au niveau du cou. Puis, saint Maron la fait boire et lui annonce sa guérison. La vision disparaît. Le matin, Nohad peut bouger la main. Surprise, elle se lève d’un bond et découvre deux grandes cicatrices de chaque côté du cou. Elle est guérie. Le lendemain, elle se rend à Annaya pour rendre grâce. Saint Charbel lui apparaît une seconde fois et lui dit : « Je t’ai guérie par la puissance de Dieu pour qu’ils te voient ! Parce que certains se sont éloignés de la prière, de l’Église et du respect des saints. Celui qui veut de moi quelque chose, moi, le père Charbel, je suis toujours présent à l’ermitage. Je te demande de visiter l’ermitage le 22 de chaque mois et de participer à la messe durant toute ta vie. »
Plus de 3 millions de visiteurs viennent chaque année se recueillir sur le tombeau du saint. On estime qu’au moins 10 % des guérisons obtenues grâce à son intercession concernent des personnes non baptisées, parmi lesquelles des musulmans sunnites et chiites, des druzes, des alaouites et des bouddhistes.
Source : https://1000raisonsdecroire.mariedenazareth.com/saint-charbel-maklouf-1898
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