L’Église, toujours sage et toujours unique dans sa suprême sagesse, interdit de comparer les saints entre eux. Car chaque saint est incomparable.
Pour des raisons similaires, il est plutôt inapproprié de comparer certains monuments gothiques entre eux.
Et donc de comparer Notre-Dame avec la cathédrale de Cologne.
C’est le christianisme qui a fait ces cathédrales.
Ce qui a inspiré ces monuments, c’est le sang que le Christ Notre Seigneur a versé sur la Croix, et les larmes que Marie a versées. C’est ce qui a réellement produit les cathédrales et les autres merveilles. Le reste n’est que détail.
Si bien agencée, si symétrique !
La fantaisie et le bon ordre s’y complètent, la rigueur de la logique s’épanouit dans un sourire plein de distinction.
La cathédrale semble dire :
« Regardez, le point final de l’harmonie, de la beauté, de la dignité… Cherchez sur toute la terre si vous pouvez le trouver plus loin, et vous ne le trouverez pas !
Et nous regardons et disons de la cathédrale ce que l’Écriture dit de Jérusalem :
« Voici la ville à la beauté parfaite, la joie du monde entier.
Voici la cathédrale d’une beauté parfaite, la joie du monde entier ! »
Cologne est très belle.
Mais si vous me demandiez si elle est aussi belle que Notre-Dame, je ne choisirais pas Cologne. Je dirais : « C’est bien Notre-Dame ».
Mais, tout compte fait, je dirais : « On peut se demander si c’est Notre-Dame ».
A cause d’un seul point. Mais ce seul point surpasse Notre-Dame d’une manière telle qu’on ne sait plus quoi dire. Et voici ce qu’il en est.
Ces tours de Cologne s’élèvent du sol avec élan et s’élancent dans les airs avec une alacrité si inattendue qu’on a envie de leur demander : « Voulez-vous voler ? »
Elles proclament une telle victoire de l’homme sur la loi de la gravité !
La loi de la pesanteur attire l’homme vers le bas, alourdit ses mouvements, rend la vie difficile.
Cette loi est écrasée dans ce mouvement audacieux de l’âme qui désire l’inimaginable.
Et cet élan de l’âme est plus beau que tout ce qui a été imaginé et réalisé à Notre-Dame.
Cologne, ce n’est pas l’harmonie parfaite, la symétrie incomparable, la proportion entre le sol et le bâtiment.
C’est la splendeur de la démesure, de ce qui s’extrait non pas en subvertissant mais en dépassant, qui s’extrait de toutes les règles et les transcende, et qui dit :
« Magnifique ! Univers, avec tes belles règles, je te vénère, je te veux, je fais partie de toi, mais de l’intérieur de toi, je lève la main vers l’Auteur de l’univers ! »
Qui, au monde, a l’autorité de critiquer un monument comme celui de Cologne ?
Mais j’aimerais que ces tours soient un peu plus éloignées les unes des autres. J’aimerais qu’il y ait un peu plus d’espace pour la façade.
Elle semble un peu à l’étroit. À cause de cela, les fenêtres, les vitraux, tout est un peu étroit aussi.
Quand je compare Cologne à cet espace harmonieusement rempli par Notre-Dame, je dis :
« Mais Notre-Dame est plus à l’aise que cette cathédrale qui a plus étriquée.
C’est beau ! Si belle qu’on voudrait la dérober ! »
Mais, mais, mais… ces deux tours si proches l’une de l’autre ressemblent à une paire d’ailes qui s’élèvent dans le ciel…
Mon commentaire serait le suivant : jamais un avion n’est monté aussi haut.
Nous avons tous volé à dix mille mètres. Nous regardons la terre…
Qu’est-ce que c’est ? C’est ma tombe si je tombe. Ce n’est rien d’autre que cela.
Maintenant, nous regardons la cathédrale et nous disons : « Cela touche le ciel ».
Parce que c’est l’âme humaine qui a la sensation de toucher le ciel.
(Auteur : Plinio Corrêa de Oliveira, 13/10/79. Non révisé par l’auteur.)
Source : https://catedraismedievais.blogspot.com/2009/06/notre-dame-e-colonia-duas-catedrais-co.html
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