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Reprise des études sur le Moyen Âge : victoire de la vérité historique

(Suite de l’article précédent : Préjugés et anachronismes occultent la vérité sur le Moyen-Âge)

  1. A ce stade, le lecteur peut se poser la question suivante : si la recherche historique se produit au carrefour du « je » et de l' »autre », du présent et du passé, comment une connaissance objective de l’histoire est-elle possible ?

La connaissance objective ou scientifique du passé suppose l’adoption d’une méthode fiable permettant une approche fidèle des sources.

Cependant, la rigueur méthodologique ne doit pas être confondue avec l’obsession positiviste d’éliminer toute possibilité d’interférence de la personnalité du chercheur dans le développement de la recherche afin d’éviter les risques d’une analyse « subjective » de la documentation.

Dans le domaine des sciences humaines en particulier, cette prétention s’avère une utopie néfaste : si nous limitons notre recherche à ce qui peut être considéré comme « objectif » ou « prouvé » – concepts d’ailleurs assez glissants – nous finirons par réduire l’histoire à une collection de faits déconnectés les uns des autres ou à de simples enquêtes statistiques.

On passerait ainsi à côté de ce qu’il y a de plus important à connaître, à savoir le sens des événements, des idées et des expériences des hommes du passé.

La neutralité totale du chercheur est un objectif inatteignable : elle ne serait possible que dans l’hypothèse absurde où l’objet d’étude lui serait totalement indifférent (mais alors pourquoi l’étudier ?).

Impartialité ne signifie pas aridité ; nous avons déjà noté que la richesse intérieure du chercheur est un ingrédient fondamental dans le développement de la connaissance historique.

Contrairement à la tentative stérile d’amener le chercheur à un état d’ataraxie afin de garantir l’objectivité du travail scientifique, Marrou affirme qu’entre le sujet et l’objet de la recherche, il doit y avoir un rapport de sympathie et d’amitié, car, comme le disait saint Augustin, « on ne peut connaître personne si ce n’est par l’amitié ».

Bien entendu, il ne s’agit pas d’inventer le passé en remplaçant la « légende noire » du Moyen-Âge par une « légende dorée » tout aussi tendancieuse.

La sympathie et l’amitié dont parle l’auteur sont le fondement d’un dévouement sincère dans l’effort de connaître l’autre tel qu’il est : « l’amitié authentique, dans la vie comme dans l’histoire, présuppose la vérité ».

Une véritable sympathie pour l’objet est, paradoxalement, une condition indispensable pour générer en nous le détachement nécessaire si les résultats de la recherche contredisent nos hypothèses ou nos attentes.

L’humble volonté d’accepter la vérité telle qu’elle se présente à nous, et non pas telle que nous voudrions qu’elle soit, est ce que Luigi Giussani a appelé la « règle morale » de la connaissance : « l’amour pour la vérité de l’objet plus grand que l’attachement aux opinions que nous avons déjà formées à son sujet ».

  1. Bien qu’elles aillent à l’encontre de certaines idées actuellement en vogue, les suggestions méthodologiques proposées par les auteurs cités sont en parfaite harmonie avec la mentalité médiévale.

Si, pour beaucoup, le terme étude évoque aujourd’hui une activité ennuyeuse et purement cérébrale, au Moyen Âge, comme le note Luiz Jean Lauand, le champ sémantique du studium était plus large : « Studium signifie amour, affection, dévouement, l’attitude de celui qui s’applique à quelque chose parce qu’il l’aime ».

(Auteur : Raúl Cesar Gouveia Fernandes, M. Sc. Letras FFLCHUSP – Prof. Filosofia FEI, « Reflexões sobre o Estudo da Idade Média »).

Source : https://gloriadaidademedia.blogspot.com/2019/01/retomada-dos-estudos-sobre-idade-media.html

Source photo : https://en.m.wikipedia.org/wiki/File:Vitrail_moyen-age_cluny.JPG
http://www.galerie.roi-president.com
Auteurs : Pierre-Emmanuel Malissin et Frédéric Valdes

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