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Une voix qui effraie et qui réconforte

La Passion sacrée de Notre Seigneur Jésus-Christ est l’occasion de réfléchir à l’emprisonnement du Divin Maître dans le jardin des Oliviers. Les Évangiles racontent que, tandis que Jésus parlait aux Apôtres dans le jardin, Judas s’approcha pour le trahir, accompagné d’une foule de gens, d’hommes de main armés, de scribes et d’anciens. Après le baiser de trahison de Judas, Jésus demanda à ceux qui l’accompagnaient : « Qui cherchez-vous ? ». – Ils répondirent : « Jésus le Nazaréen ». Jésus leur répondit : « C’est moi ». Alors saint Pierre, tirant son épée du fourreau, coupa l’oreille d’un serviteur du souverain pontife, nommé Malchus.

Lorsqu’Il fut fait prisonnier, Notre Seigneur accomplit deux actions apparemment contradictoires, sur lesquelles nous voulons méditer. D’une part, Il parla si fort, Il étourdit tellement les oreilles, que les hommes de main tombèrent à terre. D’autre part, Il s’est lui-même penché à terre pour ramasser l’oreille et la remettre à sa place. Celui-là même qui terrifie, réconforte. Celui-là même qui parle d’une voix insupportable pour les tympans, réintègre une oreille coupée. N’y a-t-il pas là une leçon pour nous ?

Notre Seigneur est toujours infiniment bon, et Il a été bon lorsqu’Il a dit à ceux qui Le cherchaient qu’Il était Jésus de Nazareth, celui qu’ils voulaient, comme Il a été bon lorsqu’Il a rétabli l’oreille de Malchus. Si nous voulons être bons, nous devons imiter sa bonté, et apprendre de Lui qu’il y a des moments où il faut savoir terrasser avec une sainte énergie les ennemis de la foi, comme il y a des moments où il faut savoir guérir les maux mêmes de ceux qui nous font du mal.

Pourquoi Notre Seigneur a-t-Il parlé si fort en répondant « Je suis », pour assommer physiquement ceux qui l’emprisonnaient ? Mais pourquoi faire cela, s’Il s’est volontairement livré ?

C’est qu’Il parlait plus fort à leur coeur qu’à leurs oreilles ; et s’Il parlait fort à leurs oreilles, c’était pour parler plus fort encore à leurs coeurs. Nous ne savons pas quel profit ces hommes ont tiré de la grâce qu’ils ont reçue. Mais la crainte qu’ils éprouvèrent en tombant à la voix du Maître leur fut certainement salutaire, comme elle le fut à Saül lorsque la même voix lui cria : « Saül, Saül, pourquoi me persécutes-tu ?

Notre Seigneur a parlé fort à leurs oreilles. Il les a fait tomber à terre. Mais sa voix, qui frappait les corps et assourdissait les oreilles, relevait les âmes prosternées et ouvrait les oreilles de l’esprit qui étaient sourdes.

Parfois donc, pour guérir, il faut crier.


Avec Malchus, le divin Rédempteur procéda d’une autre manière. En lui rendant l’oreille coupée par la fougue de saint Pierre, Notre-Seigneur a certes voulu lui faire un bien passager. Mais en guérissant son oreille, Il voulait surtout ouvrir l’oreille de son âme. Et Lui-même, qui avait guéri certains de leur surdité spirituelle par le son divin de sa voix, a guéri Malchus d’une surdité spirituelle similaire, en Lui adressant des paroles de bonté et en lui rendant son oreille perdue.

Nous vivons à une époque affectée par la plus terrible des surdités spirituelles. S’il est une époque où les hommes entendent la voix de Dieu, c’est bien la nôtre. S’il est une époque où les cœurs s’endurcissent contre elle, c’est bien la nôtre.

Le Divin Maître nous montre que si nous voulons éteindre cette terrible surdité en nous-mêmes et dans notre prochain, Lui seul peut le faire, car les moyens humains en eux-mêmes ne sont d’aucune utilité.

À cette occasion, faisons nôtre une demande que l’on trouve dans les Saints Évangiles. Lorsqu’un aveugle s’est présenté à Notre Seigneur, il lui a crié : « Domine, ut videam » – « Seigneur, que je voie » (Lc. 18, 35-43).

Profitons des commémorations de la Semaine Sainte pour Lui demander d’entendre : Domine, ut audiam : Nous ne savons pas, dans la sagesse de Sa miséricorde, de quelle manière Notre Seigneur guérira notre surdité spirituelle. Nous saignons comme Malchus et sommes sourds comme ses serviteurs. Il nous importe peu qu’Il veuille nous guérir par tel ou tel moyen : que Sa divine volonté soit faite. Qu’Il nous parle par la voix terrible des reproches et des châtiments, ou qu’Il nous parle par la voix douce des consolations, nous lui demandons avant tout une chose : « Seigneur, fais-nous entendre ».

Puissions-nous, nous catholiques, entendre au moins pleinement la voix de Notre-Seigneur, et puissions-nous, correspondant, dans notre sanctification intérieure, pleinement et sans réserve aux grâces qu’Il nous donne, réaliser en nous ce plein règne de Jésus-Christ, dont les ennemis de l’Église semblent espérer arracher les derniers vestiges de la surface de la terre.

Notre Seigneur a promis l’indestructibilité de son Église, et Il a promis que toute âme vraiment fidèle serait sauvée.

Confortés par une telle espérance, méditons avec sérénité les peines de ces jours d’agitation universelle et les agonies de cette Semaine de la Passion. Notre Seigneur Jésus-Christ est le grand vainqueur. Il vaincra, et avec Lui l’Église triomphera.

  • Catolicismo, n° 340, avril 1979.

Source : https://www.tesorosdelafe.com/articulo-529-voz-que-atemoriza-y-consuela

Source photo : Giotto, Public domain, via Wikimedia Commons

Posted in Semaine Sainte

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