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Une âme en peine

C’est l’angoisse d’une personne qui, au fil des ans, avait oublié les préceptes divins mais qui, se souvenant des joies de la période de Noël, a été touchée par la grâce et a obtenu du Sauveur, par l’intercession de la Sainte Vierge, le pardon d’une vie désordonnée.

Benoît Bemelmans

Dans son corps endolori, son âme est aussi triste et blessée. Plus que le froid de la nuit, plus que les douleurs de ses membres, de tant d’errances dans la ville, elle souffrait d’un mal latent et profond.

En cette veille de Noël, l’âme tourmentée errait dans les rues, tentant d’ignorer la cause de sa souffrance.

Elle s’était depuis longtemps installée dans l’indifférence. Quand s’était-elle agenouillée pour la dernière fois dans un confessionnal pour recevoir le pardon de ses fautes ?

Ne croyez pas que qu’il s’agissait d’un grand criminel, non. C’était une personne ordinaire, qui menait sa petite vie. Elle avait « à peine » oublié la Loi de Dieu, qu’elle avait substituée à son bon plaisir, à son égoïsme et à toutes sortes de bassesses qui traversaient son âme, comme le bruissement des feuilles mortes emportées par le tourbillon d’un mauvais vent.

Était-ce un homme ? Une femme ?

Peu importe. C’était une âme plongée dans la tristesse, fruit inévitable et amer d’une mauvaise conscience, voyant, sans même vouloir se l’avouer, tout ce qu’elle avait perdu en rejetant l’amitié de Dieu.

Il y a tant d’âmes de ce genre dans le monde néo-païen d’aujourd’hui, endurcies par l’habitude du scepticisme !

Toute la journée avait été mouvementée pour terminer les derniers préparatifs de Noël. Car, malgré l’abandon de sa vie spirituelle, cette âme se souvenait encore de la joie et de l’innocence de son premier Noël. Elle avait soif d’un bonheur qui semblait lui échapper de plus en plus et, dans la mesure du possible, elle essayait de recréer autour d’elle l’atmosphère des Noëls de son enfance. Elle était assez douée pour cela et parvenait, malgré tout, à réunir quelques amis et parents autour d’un sapin bien décoré, d’une petite crèche et d’un dîner de fête pas trop mélancolique.

Les années ont passé, mais l’âme immortelle a gardé la marque de l’enfance innocente qu’elle a eue.

D’ailleurs, si le lecteur prête attention aux adultes, il verra que dans leur âme, l’enfant n’est jamais loin, même quand les péchés l’ont assombrie. Cet enfant se réveillera-t-il un jour ?


Depuis plusieurs jours, le sapin brillait de toutes ses petites boules colorées, et la crèche sur la cheminée n’attendait plus que la nuit sainte pour accueillir l’Enfant-Jésus.

Chaque soir, l’âme se réjouissait en faisant avancer son petit mouton d’argile. Elle commença aussi à dire la prière que sa mère lui avait appris à dire devant la crèche. Le petit mouton était parti du haut de la colline de papier et l’âme se demandait s’il arriverait à temps pour être auprès de la crèche la nuit de Noël.

Son petit mouton lui rappelait qu’elle aussi, devait venir à la grotte, toute de blanc vêtue, pour adresser une fervente prière au Divin Enfant par l’intermédiaire de la Vierge Marie. C’était le meilleur cadeau qu’elle puisse offrir à l’Enfant Jésus, venu pour nous sauver.

-Me sauver de quoi ? se demanda-t-elle.

La sauver du péché, lui ouvrir les portes du Ciel, faire d’elle une enfant de Dieu, l’arracher aux griffes du diable en mourant pour elle sur la Croix.

Au catéchisme, l’âme avait bien compris qu’à cause du péché commis par nos premiers parents qui ont désobéi à Dieu, toute l’humanité, issue d’eux, est devenue pécheresse, portée au mal, privée de la vie divine, de la vie de la grâce. C’est pour nous donner cette vie, pour nous libérer de l’esclavage du péché, que Jésus est venu dans le monde et qu’il est mort sur la Croix.

Couché dans la crèche, entre le bœuf et la mule, l’Enfant Jésus ouvre ses petits bras pour nous accueillir, mais déjà tendus en forme de croix !

Après sa première communion, Noël est devenu encore plus beau : comme la messe de minuit dans l’église paroissiale était lumineuse ! Les bougies brillaient sur l’autel, les chants de Noël montaient au Ciel avec les nuages d’encens… Au moment de la communion, l’âme recevait Jésus, son Sauveur. Elle L’adore comme l’ont fait les bergers dans la grotte de Bethléem, s’offrant à Lui et se réjouissant de son amour miséricordieux.

Elle s’était soigneusement préparée à cette merveilleuse rencontre. Quelques jours auparavant, elle était allée confesser humblement ses fautes, avec une vraie contrition, à un vieux prêtre qui l’avait toujours gentiment encouragée à persévérer dans la voie du bien.

-Priez pour moi aussi. Un jour viendra où vous ne me trouverez plus ici pour vous conseiller.

L’âme quitta le confessionnal avec la plus grande légèreté, remplie du bonheur tranquille de se voir dans l’amitié de Dieu.

Et chaque soir, elle récitait cette prière enseignée par sa mère avant la naissance, en préparation de Noël. C’était une belle prière adressée à la Sainte Vierge, qui obtient tout de son divin Fils.


-Mais quelle était cette prière ? -se demanda l’âme tourmentée.

Du fond d’années d’indifférence, les mots oubliés depuis longtemps émergent peu à peu de sa mémoire :

Souviens-toi, ô très pieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui se sont adressés à ta protection, implorant ton aide et réclamant ton assistance, ait jamais été abandonné par toi. Encouragé par cette confiance, je viens aussi à vous, ô Mère, Vierge des vierges, et, bien que gémissant sous le poids de mes péchés, j’ose me présenter devant votre souveraine présence. Ne méprise pas mes supplications, ô Mère de Dieu, mais écoute-les et accueille-les avec bonté. Qu’il en soit ainsi.

Dans un premier mouvement d’orgueil amer, l’âme s’est demandée : « Suis-je la première à dire que Notre-Dame n’est pas venue à mon secours ? » Elle comprit alors clairement qu’elle n’avait pas pris la peine de demander de l’aide, même une fois….

Et marchant dans les rues vides et froides, elle répétait les mots de sa prière d’enfant : Gémissant sous le poids de mes péchés […] on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui se sont mis sous ta protection […] n’ait été abandonné par toi ! Encouragé par cette confiance, je viens aussi à toi, ô Mère….

Une grande douleur envahit alors cette âme tourmentée, qui prend conscience de l’état pitoyable dans lequel elle se trouve. Du plus profond de son être, le désir de retrouver l’amitié avec Dieu et les parfums printaniers de sa vie spirituelle, de restaurer son innocence perdue, s’éleva en elle.

-Est-ce encore possible ? se demanda-t-elle.

« On n’a jamais entendu dire…. » -lui répondit une voix intérieure.

Touchée par la grâce, elle répète encore, en toute sincérité, les mots du Souvenez-vous et demande à la Sainte Vierge de lui venir en aide.

Voyons ce qui va se passer, pensa-t-elle avec une pointe d’incrédulité. Et elle tourna le coin de la rue.


La lumière à l’intérieur de l’église éclaire les vitraux. La porte est ouverte. Hésitante et surprise, elle entre. La veillée de Noël allait commencer. Par l’allée latérale, elle s’avance vers l’autel de la Vierge. Une mélodie de Noël sort de l’orgue. Soudain, son âme fond en larmes. Après tant d’années d’égoïsme sec, elle étouffait des sanglots de repentir. Les larmes coulaient en abondance sur son visage, et son corps tremblait au rythme convulsif des sanglots, comme ceux d’un enfant….

Un prêtre était là pour entendre les confessions. Et ce n’était pas le moindre des miracles, à l’époque où nous vivons. L’âme est allée s’accuser du mieux qu’elle a pu, un peu confusément, de sa triste vie sans Dieu. Et elle reçut l’absolution de ses fautes.


Je laisse au lecteur le soin de penser à la joie que, cette nuit-là, le retour au troupeau de sa petite brebis égarée a apportée au Cœur de l’Enfant Jésus.

L’Enfant Jésus est venu avant tout pour les pécheurs. Il ne leur refuse jamais le pardon. Il accueille avec bonté et miséricorde toute humble contrition. Hier, aujourd’hui, toujours, Jésus-Christ est la solution pour le monde qui s’enfonce dans la nuit du néo-paganisme.

Dans le plus grand drame de notre vie, recourons avec confiance à notre Sauveur, par la Vierge Marie, à qui Il ne refuse rien.

Source : https://www.tesorosdelafe.com/articulo-321-un-alma-afligida

Source photo : Image de ApplesPC de Pixabay

Posted in Actualités, Perspective Catholique

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