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A grands coeurs et à grandes oeuvres, de grandes dépenses

Comme nous l’avons déjà exposé, la [vertu de la] magnificence tend à réaliser une grande œuvre. Mais pour faire convenablement un grand travail, il faut des dépenses proportionnées : car on ne peut pas faire de grands travaux sans grandes dépenses. Il appartient donc à la magnificence de faire de grands sacrifices pour faire convenablement une grande oeuvre. C’est pourquoi le Philosophe [Aristote], dans IV Ethic. 16, dit que le magnanime avec la même dépense -c’est-à-dire proportionnée- fera une œuvre magnifique. Or, le gaspillage est une dépense d’argent, qui peut être entravée par un amour excessif de l’argent. C’est pourquoi on peut dire que ce ne sont pas seulement les grandes dépenses dont se sert le magnanime pour réaliser une grande œuvre, mais aussi l’argent même qu’il utilise pour faire les dépenses et l’amour de l’argent, qui est contrôlé par le magnanime afin que les grands gaspillages ne soient pas empêchés.

L’acte principal des vertus est le choix intérieur, qui peut exister en elles sans la fortune extérieure. Et dans ce sens aussi le pauvre peut être magnanime. Mais pour les dépenses extérieures des vertus, sont indispensables les biens de fortune comme instruments. Selon cela, le pauvre ne peut exercer l’acte extérieur de magnificence sur des oeuvres absolument grandes, mais peut-être sur des oeuvres grandes par rapport à une autre qui, bien que petite en elle-même, peut néanmoins se réaliser avec magnificence proportionnée à elle.

* Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique, II-II, q. 134.

Source photo : Benozzo Gozzoli, Public domain, via Wikimedia Commons

Posted in Perspective Catholique

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