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José Antonio Ureta dévoile « Le processus synodal »

Dans une interview accordée au journaliste espagnol Javier Navascués sur le site Infocatólica José Antonio Ureta analyse le processus synodal comme une boîte de Pandore, une reformulation de l’autorité au sein de l’Eglise et, d’autre part, une remise en cause de nombreux enseignements traditionnels et même de certains dogmes.

José Antonio Ureta, espagnol, né au Chili, militant de la TFP dans plusieurs pays (Chili, Brésil, Canada, Afrique du Sud et France), chercheur de la Société française pour la défense de la Tradition, Famille, Propriété – TFP, chroniqueur pour la revue Catolicismo (Brésil), animateur d’émissions de radio hebdomadaires et d’une chaîne YouTube du programme « Credo Chile » et auteur de El cambio de paradigma del Papa Francisco : ¿Continuidad o ruptura en la misión de la Iglesia ?

En collaboration avec Julio Loredo de Izcue, il a écrit le livre Le processus synodal – Une boîte de Pandore. Un ouvrage dont la préface a été rédigée par S.E. le cardinal Raymond Leo Burke. Dans cet entretien, il analyse certains aspects fondamentaux du livre.

La Fédération Pro Europa Christiana a rendu le livre accessible gratuitement au public en sept langues ici.

Ci-dessous l’interview complète de José Antonio Ureta (traduction fournie par la Fédération pro Europa christiana).

Qu’est-ce qu’un synode et quelle est son importance dans l’Église ?

Depuis plusieurs siècles, le terme « synode » désigne les réunions du clergé d’un diocèse pour traiter des questions ecclésiales relatives au bien spirituel de la communauté diocésaine (Code du Droit Canonique 1917, can. 356 ; Code 1983, can. 460). Il désignait également les réunions d’évêques d’une région ou d’un pays, appelées dans le code actuel les Conciles particuliers (c. 439-446), pour les distinguer des conciles œcuméniques qui rassemblent les évêques du monde entier.

Ces réunions étaient traditionnellement sporadiques. Toutefois, après le Concile Vatican II, le pape Paul VI a introduit une nouveauté : par le motu proprio Apostolica Sollicitudo, il a établi le Synode des évêques comme un organe ecclésiastique central (bien qu’extérieur à la Curie romaine), représentatif de l’ensemble de l’épiscopat catholique et de caractère permanent, mais dont la fonction est exercée occasionnellement (en général, les assemblées ordinaires se tiennent tous les trois ou quatre ans).

Autre nouveauté : Paul VI a élargi les objectifs de ces réunions épiscopales à caractère consultatif. Jusqu’alors, les objectifs des synodes diocésains ou régionaux étaient uniquement pastoraux et disciplinaires, de sorte que les questions de foi et les questions disciplinaires dépassant le niveau diocésain ou régional ne relevaient pas de leur compétence. Mais l’Apostolica sollicitudo incluait parmi les objectifs du synode des évêques celui de « faciliter la concorde des opinions, au moins sur les points fondamentaux de la doctrine et sur la manière de procéder dans la vie de l’Église ».

L’importance des synodes ressort clairement des paroles du grand canoniste et futur pape Benoît XIV, dans son œuvre magistrale De Synodo diocesana, qui résume leurs objectifs en ces termes simples : depravata corrigantur ; ignorantes instrumentales ; regulae morum formentur ; sinodo provincial decreta publicentur, c’est-à-dire « corriger les abus, éduquer les ignorants, promouvoir les bonnes mœurs et mettre en pratique les décisions des conciles généraux ou provinciaux ».

Pourquoi celui-ci concerne-t-il précisément la synodalité ?

Parce que le pape François, par la Constitution apostolique Episcopalis communio, a modifié le Synode des évêques pour qu’il implique tous les fidèles, en l’articulant en trois étapes : une phase de consultation du peuple de Dieu ; une phase de célébration, c’est-à-dire la réunion des évêques en assemblée ; et une phase de mise en œuvre, dans laquelle les conclusions de l’assemblée, approuvées par le pape, doivent être acceptées par l’ensemble de l’Église. Il s’agit, selon le souverain pontife, de « marcher ensemble, laïcs, pasteurs, évêque de Rome », en dépassant le « cléricalisme » et l’image d’une Église « rigidement divisée entre chefs et subordonnés, entre ceux qui enseignent et ceux qui doivent apprendre ».

Étymologiquement, syn-hodos signifie marcher ensemble et, pour François, il s’agit d’une dimension constitutive de l’Église. Ou, comme l’a écrit la Commission Théologique Internationale, un nouveau modus vivendi et operandi de l’Église, dans lequel les décisions

sont prises sur la base de la voix vivante du peuple de Dieu pour saisir ce que l’Esprit veut dire à l’Église aujourd’hui. Le principe de la synodalité, selon le Pape, est que, grâce au sens surnaturel de la foi (sensus fidei), le Peuple de Dieu tout entier ne peut pas se tromper, puisqu’il est infaillible in credendo et qu’il a, en outre, le « flair » pour les chemins que le Seigneur ouvre à son Église. En d’autres termes, vox populi, vox Dei

Pourquoi les gens ne s’intéressent-ils pas vraiment à ce synode ?

Il est vrai que personne ne s’y intéresse vraiment. Les raisons ont été données par le pape François lui-même, samedi dernier, lors d’une rencontre avec un groupe de journalistes venus lui remettre un prix, à qui il a demandé de l’aide : « Je suis bien conscient que parler d’un « Synode sur la synodalité » peut sembler abscons, autoréférentiel, excessivement technique et de peu d’intérêt pour le grand public ».

Mais l’enjeu est pourtant de taille, puisque vous et Loredo avez qualifié cette démarche synodale de boîte de Pandore…

Oui, car cette « écoute » de toute la communauté implique, d’une part, une reformulation de l’autorité au sein de l’Eglise et, d’autre part, une remise en cause de nombreux enseignements traditionnels et même de certains dogmes.

Pourquoi dites-vous que la synodalité impliquerait une reformulation de l’autorité dans l’Église ?

Selon le Document de Travail du Synode, les structures de l’Église devraient être modifiées à trois niveaux : dans son style ordinaire de vie et d’action, au niveau des structures et des processus ecclésiaux, et sur le plan des processus et des événements synodaux. Une telle réforme serait nécessaire car, dans la structure hiérarchique actuelle, il faut des processus communautaires d’écoute et de discernement qui reconnaissent la coresponsabilité de tous les baptisés. À l’avenir, les conférences épiscopales devraient inclure des représentants du clergé et des laïcs dans leurs réunions, et les conseils diocésains et paroissiaux devraient avoir un rôle délibératif plutôt que simplement consultatif. Pour justifier sa position, la Commission Théologique Internationale affirme qu’il est nécessaire de faire la distinction entre l’élaboration d’une décision (décision-making), qui doit être communautaire, et la prise de décision (décision-taking), qui doit être du ressort de l’autorité. Mais selon le cardinal Coccopalmerio, même le pape ne devrait pas décider contre l’opinion de la majorité tant qu’un consensus n’a pas été atteint.

Quel serait le danger d’une démocratisation de l’Église ?

Elle créerait une nouvelle secte protestante qui cesserait d’être l’Église du Christ, dont la structure visible est hiérarchique et fondée sur le sacrement de l’Ordre, qui confère à ceux qui le reçoivent non seulement le pouvoir de sanctifier par l’administration des sacrements, mais aussi un pouvoir juridictionnel d’enseigner et de gouverner. Tout particulièrement les évêques, en tant que pasteurs, possèdent sur leur troupeau un pouvoir ordinaire, propre et immédiat, y compris un pouvoir législatif, qu’ils doivent exercer personnellement et exclusivement, sans être autorisés à légiférer avec d’autres personnes, organismes ou assemblées diocésaines.

Qu’est-ce que le Synodaler Weg (Chemin synodal) allemand et quelle influence peut-il avoir sur le Synode ?

Le Chemin synodal allemand était une imposture. L’épiscopat allemand et la Fédération des laïcs allemands ont inventé la formule du « chemin » pour ne pas se soumettre aux règles strictes du Code du Droit Canonique pour les conciles régionaux, en associant sur un pied d’égalité la Conférence épiscopale allemande et le Comité central des catholiques allemands (ZdK), qui ont obtenu la coresponsabilité du développement et de l’aboutissement du processus synodal. L’assemblée synodale, qui était l’organe de décision suprême, était composée d’une majorité de 122 laïcs (dont une majorité de 70 femmes), contre seulement 105 clercs (dont 69 évêques, 32 prêtres et 4 diacres). En outre, les deux tiers des laïcs du ZdK sont des délégués d’associations catholiques et constituent une sorte de nomenklatura d’apparatchiks issus d’organisations militantes progressistes qui ne représentent en rien les catholiques ordinaires de la « messe du dimanche ».

Dans ce format imposteur, le Synodaler Weg a pris (avec le soutien majoritaire des évêques présents) plusieurs décisions aberrantes qui sont diamétralement opposées à la doctrine catholique, telles que la création future de conseils synodaux permanents à tous les niveaux, la bénédiction des unions homosexuelles et des divorcés remariés, l’ordination de transsexuels, la prédication par des laïcs et le reconsidération du célibat obligatoire et du diaconat féminin.


Il serait en effet très dangereux d’ouvrir la porte à l’ordination sacerdotale des femmes….

Par la lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis, S.S. Jean-Paul II a déclaré solennellement que l’Église n’a pas la faculté de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes et que cette doctrine doit être considérée comme définitive par tous les fidèles. La note d’accompagnement précise qu’une telle question n’est ni simplement disciplinaire, ni librement contestable, mais qu’elle requiert toujours l’assentiment plein et inconditionnel des fidèles.

L’admission des femmes au diaconat porterait un coup fatal à la doctrine sacramentelle catholique, car Pie XII a réaffirmé dans la lettre apostolique Sacramentum Ordinis que « le sacrement de l’Ordre (…) est un et unique pour toute l’Église », comprenant trois degrés (le diaconat, la prêtrise et l’épiscopat). Par conséquent, la matière du sacrement, qui est l’imposition des mains, est la même pour chaque degré, ne changeant que la forme, c’est-à-dire les mots prononcés par le ministre, qui spécifient la grâce ministérielle conférée. Par conséquent, si les femmes sont admises au diaconat, elles devraient impérativement être également admises au sacerdoce et à l’épiscopat, comme l’ont fait les anglicans.

L’inclusion des homosexuels est également préoccupante, car ils ne sont pas exactement invités à vivre la chasteté….

L’Instrumentum laboris du prochain Synode appelle à une « inclusion radicale » de ceux qui sont actuellement « marginalisés », citant en particulier les divorcés et remariés civilement, les polygames et ceux qui se définissent comme LGBTQ+. L’idée sous-jacente est que l’exclusion est source de souffrance et que Dieu étant amour, Il ne peut que vouloir l’inclusion de tous. « Tout le monde, tout le monde, tout le monde », a insisté François à Lisbonne.

Selon le cardinal McElroy, cette inclusion radicale doit ouvrir l’accès à la Sainte Communion non seulement aux divorcés et remariés (comme l’autorise déjà le chapitre VIII d’Amoris laetitia) mais aussi aux personnes homosexuelles, car l’Église ne peut discriminer entre ceux qui vivent chastement et ceux qui sont unis civilement et pratiquent régulièrement des actes sexuels contre nature. Pour l’évêque de San Diego, faire une telle distinction introduirait une division dans la communauté homosexuelle, ce qui serait apparemment le mal absolu….

Une telle « inclusion radicale » sans nécessité de repentance et sans but d’amendement, par rapport à une situation objective et permanente de péché, rendrait superflu le sacrement de la réconciliation et reviendrait à nier la toute-puissance de la grâce divine pour racheter le pécheur et le sanctifier. Cela reviendrait à dire au pécheur qu’il n’y a pas de remède pour lui.

Plus grave serait d’autoriser des cérémonies de bénédiction d’unions extra-conjugales, même si elles ne sont pas assimilables à une cérémonie de mariage, car cela correspondrait à « dire du bien » du péché et à s’attirer la colère de Dieu, qui n’est pas relativiste et dit dans la prophétie de Sophonie (1,12) qu’Il punira « les hommes qui, assis sur leur séant, disent : ‘Le Seigneur ne fait rien, ni bien, ni mal' ».

Dans quelle mesure peuvent s’ouvrir les portes à la destruction de la famille ?

Comme le disent bien les « Considérations sur les projets de reconnaissance légale des unions entre personnes homosexuelles », signées par le cardinal Ratzinger lorsqu’il était encore préfet de l’ancienne Congrégation pour la doctrine de la foi, aucune idéologie ne peut effacer de l’esprit humain la certitude que le mariage n’existe en réalité qu’entre deux personnes de sexe opposé, avant tout pour collaborer avec Dieu à l’engendrement et à l’éducation de nouvelles vies. C’est pourquoi, alors que le mariage est saint, les relations homosexuelles, qui sont irrémédiablement stériles, sont condamnées dans les Saintes Écritures comme une « grave dépravation ».

Il s’ensuit que la conscience morale doit démasquer l’utilisation idéologique qui est faite aujourd’hui de la tolérance des relations homosexuelles et rappeler à la société de ne pas exposer « les nouvelles générations à une conception erronée de la sexualité et du mariage, qui les laisserait sans défense et contribuerait à la diffusion du phénomène lui-même ». Si la légalisation des unions homosexuelles tend à dévaloriser l’institution du mariage, combien plus destructive serait la bénédiction sacrilège de ces unions par les ministres de Dieu

Quelles sont les principales perplexités auxquelles nous allons nous voir soumis ?

La plus grande perplexité vient d’être exposée par Mgr Strickland, évêque de Tyler (Texas), dans une lettre publique adressée à ses fidèles. Il s’agit du risque d’être considérés “schismatiques”, risque que courent ceux d’entre nous qui s’opposent à la remise en cause

des vérités fondamentales de notre foi, telles que le fait que l’Église catholique est la seule véritable Église, que c’est un sacrilège de recevoir l’Eucharistie indignement, que toute activité sexuelle en dehors du mariage est un péché grave, que le mariage est entre un homme et une femme, que rejeter l’identité biologique revient à nier que nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, et qu’il est faux et dangereux de dire ou d’insinuer que tout le monde est sauvé quelle que soit la vie qu’il a vécue. En réalité, a ajouté Mgr Strickland, « ceux qui proposent de changer ce qui ne peut l’être cherchent à s’emparer de l’Église du Christ et, en fait, sont les vrais schismatiques ».

Comment réagir contre le Chemin synodal allemand et contre la direction que pourrait prendre le Synode sur la synodalité ?

Tout d’abord, nous devons être informés de ce qui se passe et accompagner le Corps du Christ dans cette répétition de sa Passion, en portant sa croix comme de nouveaux Cyrénéens. Ensuite, nous devons approfondir notre connaissance de la foi afin de pouvoir reconnaître la voix du divin Pasteur et ne pas suivre le cri des voleurs et brigands étrangers qui n’entrent pas dans la bergerie par la porte. Enfin, nous devons résister à toute tentative de changer la doctrine de l’Église ou la discipline multiséculaire qui en découle. Même si, pour un temps, nous devenons « étrangers dans la maison de notre mère », comme le déplore le Psalmiste, dans ce cas nous devons rester à l’intérieur, en résistant aux tentations d’apostasie, de sédévacantisme ou d’indifférence. Comme le dit la conclusion du livre Le processus synodal : une boîte de Pandore, « c’est précisément maintenant que la Sainte Église a besoin de fils aimants et intrépides pour la défendre contre ses ennemis, extérieurs et intérieurs. Dieu nous demandera des comptes ! ».

Par Javier Navascués

Source : https://www.infocatolica.com/blog/caballeropilar.php/2308280915-jose-antonio-ureta-analiza-el

Source photo : © Photo prise par Edward Pentin lors du Synode de l’Amazonie.

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