C’est devenu un phénomène, appelé “no kids” (“pas d’enfants”).
Et ce, alors que le nombre de naissances en France est à son niveau le plus faible depuis 1946…
Un sondage de l’Ifop pour le magazine Elle en septembre 2022 est éloquent : en France, 30 % des femmes en âge de procréer déclarent ne pas désirer d’enfant !
A cette fin, plusieurs d’entre-elles décident de prendre des mesures radicales, comme la ligature des trompes, qui entraîne la stérilisation. Un acte chirurgical qui a tendance à se banaliser dangereusement.
D’après les chiffres de l’assurance maladie, en 2021, elles étaient 21 490 femmes à avoir eu recours à une ligature des trompes. Une opération totalement remboursée par la Sécurité Sociale et légalement possible à partir de 18 ans, même si dans les faits, beaucoup de médecins sont réticents. Et à raison.
Pour Marie-Estelle Dupont, psychologue clinicienne, c’est un acte qui relève de la « mutilation ». Elle met en garde : « Aujourd’hui, on a un arsenal contraceptif tel qu’il n’est pas acceptable de banaliser un acte comme la ligature des trompes. » « Stériliser un être humain, c’est supprimer une fonction vitale, ce qui aura des répercussions sur toute la personne », souligne-t-elle.
Cette décision radicale est motivée autant par les craintes que par les contraintes de la maternité, note Le Figaro. Il s’agit d’une réelle remise en cause de la maternité : « Se faire ligaturer les trompes, c’est irréversible, mais avoir des enfants aussi », affirme ainsi Artoise, jeune fille de 23 ans, qui explique avoir eu volontairement recours à la chirurgie afin de se faire stériliser. « Je savais depuis très longtemps que je ne voulais pas d’enfant. Je ne me suis jamais imaginée mère. Jamais », se justifie-t-elle.
Cette tendance “no kids” –qui provient des Etats-Unis – est largement relayée en France par certains médias et réseaux sociaux, notamment par les sphères féministes.
Prenons le cas de Bettina Zourli, qui explique sur son compte Instagram @jeneveuxpasden-fant, ne pas désirer d’enfant par choix ; elle dénonce une « injonction à la maternité et se décrit comme “childfree”. »
De quoi ce phénomène est-il le nom ? Le Figaro donne la parole à Christian Flavigny, psychiatre, qui parle d’un « antagonisme entre le devenir femme et le devenir mère », qui serait, selon lui, lié au développement du mouvement féministe actuel. Le psychiatre estime qu’ « être mère, c’est relayer ce que l’on a hérité, un don restitutif à notre propre mère ». Ce non-désir d’enfant viendrait ainsi d’un « refus de cet héritage anthropologique », qui serait « obsolète » dans notre société actuelle.
De son côté, Élizabeth Montfort, ex-députée européenne aujourd’hui responsable des questions société et culture à l’Institut Thomas-More, s’inquiète de ce que « l’enfant est de plus en plus considéré comme un bien auquel on peut avoir droit ». Ce qui l’amène à penser qu’ « à partir du moment où l’on considère que l’enfant répond à un besoin, on n’est pas loin de l’enfant-objet, ce qui peut dire quelque chose d’inquiétant pour notre société. »
Ce rejet de la maternité est aussi symptomatique d’une société de plus en plus individualiste. L’ancienne femme politique estime par ailleurs que le mot “famille” est désormais tabou : « Il ne faut pas s’étonner que, pour un nombre de plus en plus important, construire une famille ne fasse pas rêver. »
Une bien triste société est en train d’émerger…
Source : https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/societe/le-triste-phenomene-no-kids
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