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François et Elizabeth : règnes parallèles

François et Elizabeth appartiennent peu ou prou à la même génération. Le Pape a quatre-vingt-cinq ans, la Reine vient de s’éteindre à l’âge vénérable de quatre-vingt-seize ans. Tous deux ont été marqués par les tragédies du vingtième siècle : la Seconde Guerre mondiale pour la princesse Elizabeth, la dictature pour José-Mario Bergoglio. L’un et l’autre ont hérité de leur charge : par la grâce de la naissance pour l’une, par l’élection, sans déclaration de candidature préalable, pour l’autre. Le rayonnement de la souveraine défunte et du pape régnant s’étend bien au-delà des frontières de leurs États respectifs : François est le chef spirituel de plus d’un milliard-trois-cents-millions de fidèles, Elizabeth II, était, à la fin de son règne, le monarque de seize pays, dont certains très éloignés de son palais de Buckingham. Les deux incarnent des institutions prestigieuses, bien que jugées anachroniques : la papauté et la monarchie. Leur autorité temporelle, enfin, est essentiellement d’ordre symbolique : Elizabeth régnait, mais ne gouvernait pas, François est certes un souverain absolu, mais son royaume est le plus petit État du monde : quarante-quatre hectares. Là, s’arrêtent les similitudes.

François voulut retirer sa pierre à l’édifice

François, dès le soir de son élection a annoncé que le « cirque », c’est-à-dire le protocole et les coutumes séculaires entourant le Prince des Apôtres, était terminé. Depuis lors, il n’a eu de cesse de s’affranchir du décorum que ses prédécesseurs immédiats, avaient, il est vrai, déjà réduit à peau de chagrin. La tiare était, depuis Paul VI, devenue trop lourde à porter pour le Souverain Pontife. Ce ne fut pas suffisant pour François qui voulut lui aussi retirer sa pierre à l’édifice : il congédia de la garde-robe papale la mosette de velours rouge bordée d’hermine et les mocassins de même couleur. Benoît XVI avait tenté de rendre quelque chose de la sacralité d’antan aux cérémonies pontificales, François s’est acharné à éloigner le Ciel de la Terre en les dépouillant autant que possible. « Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous », déclara son prédécesseur sur le trône de Pierre. François prohiba le rite millénaire de l’Église latine et persécuta ceux qui le célébraient. L’évêque de Rome se doit d’avoir le verbe rare et clarificateur, François a la parole facile et confuse. Le successeur de Pierre est le berger du troupeau confié par le Christ. Bergoglio moleste ses brebis, mais s’agenouille devant les loups : son règne est une succession de repentances pour les crimes, réels ou fictifs, commis par le clergé auquel il appartient. François prêche la miséricorde, mais inspire la crainte. Il prétend démocratiser le gouvernement de l’Église, mais règne en maître jaloux de son pouvoir.

Elizabeth a coiffé sans regimber la lourde couronne

La Reine défunte n’a jamais cru que son pouvoir lui conférait le droit de s’affranchir de son héritage. Elizabeth a coiffé, sans regimber, la pesante couronne des rois d’Angleterre. La fragile jeune femme, puis la frêle vieille dame a porté, tout au long de ses soixante-dix ans de règne, la lourde cape des héritiers de Guillaume le Conquérant. Jamais elle ne sacrifia aux pompes, car ses sujets, surtout les plus humbles, ont droit à la beauté. Elle aimait la quiétude de la campagne, les chiens et les chevaux. Aux yeux émerveillés de son peuple, elle offrit les parades militaires, les défilés en carrosse et les banquets interminables qui évoquaient ceux des contes de fée. Elle savait que régner, c’est accomplir son devoir, non satisfaire à ses envies. Quinze premiers ministres baisèrent la main de la souveraine, le dernier d’entre, deux jours avant le décès du monarque. Elizabeth, les reçus tous, conservateurs ou travaillistes, avec la même aménité. Courtoisie aristocratique dont elle gratifiait d’ailleurs les plus modestes de ses sujets. Au dire de ceux qui l’ont rencontré, Elizabeth avait le don, par le traitement qu’elle vous réservait, de vous faire plus sentir plus grand. Sa personne ôtait la crainte que pouvait inspirer son rang. Sa parole, bien que fréquente, était respectée car jamais elle ne fut prise en défaut de bavardages. Pas davantage elle ne trahi son pays en posant un genou à terre devant ceux qui s’en seraient réjouis. Les seuls excuses qu’une nation doit sont à Dieu. Ce qu’elle reçut de son père, elle le transmit intact à son fils : elle savait que le trône et le sceptre sont les attributs du monarque, pas ceux d’Elizabeth.

François, le jésuite, a l’humilité ostentatoire : le pape s’efface devant l’homme. Elizabeth, la stoïcienne, avait l’ostentation humble : la femme disparaissait derrière la reine. En les pensant insensibles à la beauté et rétifs à la dignité, le Pape humilie les fidèles dont il se croit proche. En leur offrant les fastes de la monarchie, la Reine a honoré ses sujets dont on la disait lointaine. Dans quelques jours, à Londres, une foule innombrable saluera la dépouille de sa souveraine bien-aimée. Pendant ce temps, à Rome, la place Saint-Pierre devient chaque semaine trop grande pour le peu de fidèles qui s’y pressent. Le règne de François commença par la foudre, celui d’Elizabeth se termine par un arc-en-ciel.  

Source : http://leperemercure.over-blog.com/2022/09/francois-et-elizabeth-regnes-paralleles.html

Source photo : Capture d’écran Youtube –The RoyalFamilyChannel

Posted in Actualités, Point de vue

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