Les pages de l’histoire se succèdent et un crime célèbre est commis au château de Vincennes et marque à nouveau le château de son empreinte : l’exécution du Duc d’Enghien par Napoléon.
Le prince était l’un des plus brillants chevaliers de son temps et le dernier de la race de sang royal de Condé.
Napoléon se rendit compte que son empire ne pouvait pas durer. Et que sa dynastie, faite d’usurpations et d’illégitimité, ne pouvait pas durer longtemps non plus.
Et que tôt ou tard, par la loi du pendule de l’histoire, ce dernier devrait pencher vers le retour à la monarchie tempérée légitime.
Il se trouve que la dynastie légitime a peu de descendants. Louis XVIII était veuf, n’avait pas d’enfants et était déjà âgé. Son frère Charles X n’avait qu’un seul fils, et il était déjà veuf et sexagénaire, peu susceptible d’avoir un autre fils.
Dans la perspective que s’éteigne la maison des Bourbons, le trône devait revenir au duc d’Orléans, fils du régicide Philippe Egalité, un vrai libéral.
Il restait encore une branche collatérale, celle du duc d’Enghien, le dernier prince de sang royal de la famille Bourbon. Cet homme brillant luttait contre la Révolution dans ce qu’on appelait l’Armée des Princes.
Napoléon le fait donc arrêter une nuit, il est conduit au château de Vincennes, et exécuté de façon barbare, après un simulacre de procès, dans les douves du mur du château.
Ce crime a énormément impressionné tous les Européens, c’était une chose terrible. Sur le lieu précis où le duc a été exécuté, il y a une colonne commémorant le crime.
Une autre figure qui a marqué l’histoire du château de Vincennes date également de cette époque.
C’était un certain général Daumesnil, officier de Napoléon, qui avait perdu sa jambe à la célèbre bataille de Wagram. Il portait désormais une jambe de bois et on l’appelait « Daumesnil jambe de bois ».
Pour lui donner une responsabilité, Napoléon le nomme gouverneur du château de Vincennes.
Lorsque les ennemis de Napoléon ont envahi la France, ils ont sommé Daumesnil de se rendre. Il a répondu : « Je vous remettrai le château le jour où vous me rendrez ma jambe.”
Cela revenait à dire : je résisterai jusqu’au sang.
Finalement, lorsque le roi Louis XVIII est revenu sur le trône. Daumesnil a mis six mois pour livrer la tour au roi, en disant que pour la livrer aux Français, il allait la livrer et partir.
Il y a une autre figure haute en couleurs qui a fait partie l’histoire du château de Vincennes.
Un certain duc de Beaufort, parent illégitime de la maison royale française, combattait le roi, et celui-ci le fit arrêter. Le duc décida de s’enfuir. Chaque jour, à une certaine heure, un fonctionnaire du château ouvrait la pièce dans laquelle il était emprisonné et marchait avec lui le long du haut du muraille.
Un jour, le duc, un homme robuste, s’est procuré des cordes et s’est enfui. (Le fonctionnaire ne serait jamais pardonné par le roi, mais il devrait être exilé avec un salaire).
Le fameux moment de l’histoire est que, lorsque ce fut le tour du duc de Beaufort, il remarqua que la corde n’était pas assez longue.
Il s’est donc laissé tomber en essayant d’atterrir sur des chevaux et de s’enfuir.
Mais par malheur, il tombe dans les douves du château et perd connaissance. Il a ensuite repris connaissance et a sauvé sa vie.
Cette évasion est devenue l’une des plus célèbres de l’histoire.
Naturellement, au fur et à mesure que le temps passe, tout devient plus terne.
Aujourd’hui, le silence et la paix de l’histoire reposent sur les vestiges du château entourés d’une végétation splendide.
Voici le côté poétique de l’histoire et le contraste entre l’inertie de la vieille pierre et la beauté de la nouvelle végétation.
Il y a un pont, une belle allée d’arbres et la tour d’entrée avec une porte à pont-levis.
À l’arrière, le pont-levis a été remplacé par une rampe, où l’on peut voir la force et la grandeur de l’oeuvre.
Le feuillage forme un magnifique rideau que les plus capricieux des paysagistes, ne pouvaient imaginer.
La nature produit des choses que les hommes doivent respecter parce que Dieu a mis un tel ordre en sa création que, par sa volonté et par le jeu de causes secondaires, elles produisent de si belles choses.
Tout ne doit pas être dirigé, ni planifié. La plupart des choses doivent se développer par elles-mêmes, devenir plus belles que si elles étaient contrôlées.
C’est tout le contraire de l’État totalitaire.
Le donjon est magnifique, monumental, médiéval, gothique.
Il possède des décorations d’importance héraldique ; des créneaux qui forment une unité avec ces tours qui sont plus ornementales que réelles.
Les auvents indiquent les figures des saints de chaque côté de cette tour. Des saints, des rois ou des prophètes.
On peut imaginer la beauté, les gens assis ici, l’eau là, l’abaissement du pont-levis et l’œil du voyageur découvrant tout ce soleil, cette beauté derrière cette pierre ancienne et sévère. C’est le Moyen Âge.
L’arrogance, la force et une certaine tenue du donjon semblent dire qu’il est heureux d’être arrivé si haut et de respirer les airs purs de la hauteur.
Il préside et ordonne tout. Il inculque une idée d’ordre, de tranquillité, de bon sens, de logique et de courage qui est une véritable merveille. C’est le célèbre donjon de Vincennes.
Le donjon rappelle vaguement la Tour de Bethléem. C’est le plus grand éloge d’une tour. Car le donjon de Vincennes est très beau, mais à côté de la Tour de Bethléem, il est si petit.
Il nous donne une belle leçon sur ce qui est noble dans l’inégalité.
C’est la noble beauté de la coexistence entre des êtres inégaux. Tout l’inverse de l’égalitarisme moderne représenté, par exemple, par le sol d’une rue asphaltée…
Source : https://castelosmedievais.blogspot.com/2019/08/vincennes-maravilha-medieval-ornada.html?m=1
Source photo : Photo de Ed Ogle sur Flickr (Pinterest)
