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Civilisation chrétienne: le ‘pulchrum’ (la beauté) du Moyen-Âge

Nombreuses sont les splendeurs du Moyen Âge que l'on peut voir dans les châteaux et les cathédrales ; et le charme de la vie citadine se voit facilement dans les villages pittoresques ou les grandes villes à l'architecture originale. Cette splendeur se voit également dans la bravoure et l’honneur dans la défense de la civilisation chrétienne et aux immenses avancées du progrès scientifique et technologique.

Toutes ces splendeurs ont été fondées sur une seule splendeur : la splendeur de la vertu sous l'impulsion de la sainte Église catholique.

Seule une alliance entre les bâtisseurs du Moyen-Âge et le surnaturel a permis de sortir l'Europe de la barbarie et de lui donner une âme qui mérite le doux nom de Chrétien.

D'institution divine, l'Église donne à l'homme le désir de rechercher la perfection en toutes choses. D'abord un désir ardent de la perfection de ses vertus - c'est-à-dire de la sainteté - et ensuite un appétit de créer une civilisation dans laquelle le sublime est présent dans tout ce que l'homme fait.

Cette quête du sublime se manifeste dans la mystérieuse magnificence des châteaux, des monastères et des villes. Semblable à la lumière du soleil levant qui chasse constamment les ténèbres, cette quête du sublime a imprégné tous les domaines de l'activité humaine. La recherche de la perfection personnelle et du raffinement en toutes choses est une manifestation authentique de l'amour de Dieu.

Notre formation catholique vise la formation spirituelle et intellectuelle de ses membres. Cette formation devrait nous donner les moyens d'attirer ceux qui errent dans ce monde chaotique tout en gardant des sentiments et des pensées similaires aux idéaux pour lesquels nous nous battons. Beaucoup d’entre eux, désorientés, dérivent simplement dans un monde dominé par la confusion contemporaine. Il faut donc être pratique. Nous devons communiquer parfaitement et être capables de nous faire comprendre par ceux qui ont au cœur une flamme d’espoir qui scintille et un feu qui brille parmi les braises mourantes.

Afin de comprendre la splendeur du Moyen-Âge, nous devons répondre à cette question:

Comment vivait-on au Moyen-Âge ? Étaient-ils pauvres ? Opprimés ? Leurs maisons étaient-elles confortables ? Comment étaient leurs relations quotidiennes, la production et le commerce, l'industrie et la finance ? Comment ont-ils utilisé l'argent et le crédit ? Le Moyen-Âge est digne d’admiration seulement en raison des moines qui vivaient dans de beaux monastères et des évêques qui officiaient dans de somptueuses cathédrales ?

Quels autres perfectionnements peut-on voir dans l'organisation sociale médiévale, en dehors de la splendeur des cathédrales, de l'environnement songeur des monastères et des nobles châteaux ?

La société organique.

Le but de la société organique est orienté vers le bien commun. Quel est le bien commun ? Le bien commun est la notion vivante et active à laquelle chaque échange social doit viser, non seulement pour son propre avantage, mais également pour le bien de son prochain, de sa religion, de sa famille et de toute bonne organisation à laquelle il appartient.

Tout comme chez un être vivant, nous trouvons des cellules, des tissus, des organes et des systèmes qui travaillent ensemble pour maintenir un organisme en vie, il en va de même dans une société, nous trouvons des familles, des lignées et des associations de toutes sortes, chacune ayant sa propre fonction et son propre domaine d’activité, et tous reliées et travaillant ensemble pour le bien commun de la société.

La société organique diffère substantiellement du principe mécanique axé sur le profit (à but lucratif) de la société moderne. Une société organique est une société en harmonie avec notre nature.

Considérons les questions économiques. Pendant ces jours de foi primitive, les transactions commerciales interdisaient la fraude, la publicité mensongère, la tromperie et la fausse représentation de la qualité des biens et des services. En termes simples, les entreprises évitaient de mentir. La fraude mène au déshonneur et par conséquent à la ruine. Dans le monde commercial, chaque partie orientait ses actions en fonction de la morale, des coutumes établies et promouvait la dignité de la famille et de la communauté.

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La propriété était une valeur sacrée. Le charisme mystique des monastères et des abbayes a marqué de manière indélébile le caractère des villes et des régions, comme on le voit encore aujourd'hui dans les pays européens.

Une particularité du Moyen Âge est son grand progrès matériel. Il y a une raison à cette richesse. Son moteur était un tissu social moral et psychologique solide, fondé sur la vertu.

En raison de son profond instinct de sociabilité, l'homme ne peut atteindre son plein développement qu'en harmonie avec les autres. C'est parce que l'homme est un être social limité. Cette harmonie était assurée par la quête du bien commun. Les ordres religieux, actifs au sein de la société, constituent un exemple vivant de vertus qui ont amené chacun à œuvrer pour le bien commun.

Quelles étaient les cathédrales sinon des cadeaux magnifiques des moines et du clergé à la société dans laquelle ils vivaient ? Entièrement ouvertes au peuple, les cathédrales étaient encore plus magnifiques que les châteaux. Elles établissaient un standard de perfection souhaité par toute la société. Leur construction révèle des talents et des qualités jusqu'alors inexistantes. Au Moyen-Âge, la recherche de la perfection était devenue un idéal.

L’esprit de l’Église.

L’Église exerçait son autorité avec une bonté maternelle alors qu’elle veillait sur son troupeau.  Avec une sollicitude maternelle, elle discernait le bien nécessaire, inspirait et encourageait tout le monde; et dans sa sagesse, elle apportait des corrections en cas de besoin. Elle veillait à ce que les gens améliorent ce qu'ils ont reçu de la tradition en l'adaptant à l’évolution de leurs situations concrètes.

La pratique de la vertu conduit automatiquement à un ordre supérieur de la société. Cet ordre a donné aux peuples la stabilité et l’équilibre que notre société ne possède plus.

L'homme acquiert une âme vigoureuse lorsque Dieu dirige sa raison, qui à son tour domine sa volonté, gouverne sa sensibilité. C'est le bon ordre de l'âme et le fondement de toute société bien structurée ; c’est la vertu médiévale par excellence.

En pratique, l'ordre social était constitué des habitudes propres à chaque peuple, des coutumes et des conduites des paysans et des citadins, des vendeurs et des acheteurs.

Dans ses relations humaines, l'homme médiéval s'est constamment référé à l'univers moral enseigné par le catéchisme et expliqué depuis la chaire. Dans sa famille, dans ses activités productives, dans le commerce, etc., chacun a gardé cet univers moral à l'esprit. Par exemple, ce qui dominait les transactions commerciales entre commerçants, ce n’était pas l’avantage financier pouvant découler de leurs négociations, mais bien le maintien de l’ordre moral et du bien commun. Ceci peut être vu dans les manuels de confession qui ont été produits comme un guide moral pour l'économie.

La justice était l’une des vertus dominantes de la société médiévale. Cette déclaration peut sembler hautement utopique pour les oreilles modernes. « Si l'on cherchait un mot pour couvrir toutes les phases de l'enseignement économique médiéval», écrit sir Alexander Grey, «cela se trouverait probablement dans l'idée de justice » (Development of Economic Doctrine, p. 35).

Saint Thomas d’Aquin définit la justice comme la vertu de « donner à chacun son dû ». En d’autres termes, la justice dans les transactions signifie donner à l’autre partie son dû. La justice dans les transactions exige donc que le prix payé pour un certain service corresponde à sa valeur réelle.

Les choses étaient évaluées sur la base d'une norme de justice. «Le but de la profession de marchand», écrit le moraliste médiéval Alexander Ariost, « ne doit pas être d'accumuler des richesses, mais de soutenir sa famille, d'aider les pauvres et de rendre service à la communauté ».

C'est à nos oreilles une déclaration fantastique, confirmée de plus par d'innombrables auteurs médiévistes.

Les manuels de théologie et de traités de morale qui orientaient les relations économiques de cette époque contiennent des perles de sagesse et de prudence qui méditent calmement sur les besoins flexibles (souples) de l’homme.

Le manuel confessionnel de Godescalc Rosemondt énumère huit méthodes permettant de déterminer le juste prix. Alors que le jugement moral était rigoureux, la détermination du prix n’était ni rigide ni inflexible.

Diana Wood affirme que l'équilibre de la justice ne repose pas sur la précision, mais sur une raison plus souple et sur le sens commun. C'était une question de vertu plutôt que d'économétrie.

La charité a également eu une saine influence modératrice sur l'économie. Les moralistes et les théologiens ont posé comme principe (ont avancé /affirmé) que les feux de l'avarice pouvaient être éteints avec la pratique de la charité envers le prochain.

Seuls les prix et les salaires ont été maintenus, notamment pour répondre aux besoins des pauvres. Sans la charité, même les meilleures réglementations d'hommes bien intentionnés dans l'intérêt du bien commun sont vaines.

Il y avait littéralement des centaines de manuels de confession aux éditions successives, qui définissaient une doctrine de pénitence et une tradition consistant à traiter les questions économiques personnelles du point de vue de la justice.

L'économiste norvégien Odd Langholm a analysé quatre-vingt-dix de ces manuels de confession dans son livre, Le Marchand au Confessionnal: le commerce et le prix dans les manuels de pénitence avant la Réforme. De sa brillante analyse, il déduit une doctrine économique concrète trouvée dans la pensée scolastique. En d'autres termes, les principes philosophiques posés par saint Thomas d'Aquin ont pénétré les règles du commerce.

À la Renaissance, cette passion pour la justice a diminué. Plus tard, certains courants au sein de la pseudo-Réforme, notamment ceux du calvinisme, ont contribué à ouvrir les portes de la cupidité en affirmant que le danger d'accumulation de richesses ne constituait plus un obstacle au salut.

Examinons un exemple qui ne vient pas du Moyen-Âge mais reflète l’esprit de l’Église qui a formé le Moyen-Âge.

Une conversation entre Saint Jean Bosco et un simple forgeron qui a aidé ses œuvres montre leur quête de la perfection:

- « Savez-vous quelle est ma principale préoccupation ? » , a demandé le forgeron à St. Jean Bosco.

- « Ce doit certainement celle de vivre et de mourir dans la grâce de Dieu. »

- « Non, je ne m'inquiète pas de la mort, bien que je fasse attention à la préparer quand elle viendra. Ce qui me préoccupe le plus, c’est que je suis forgeron, et  je deviens très perturbé quand, une fois mon travail terminé, je dois décider du prix à facturer. En écrivant le prix dans mon livre, je demande: est-ce que le bon Dieu écrirait le même montant ? Si je demande plus, ne serai-je pas accusé pour cela ? Pour plus de sécurité, je facture toujours 20% de moins que le prix normal. »

Cette préoccupation de ce forgeron qui a réussi, et de nombreux autres comme lui, témoignait d'un grand souci de justice ne pouvait avoir créé un climat favorable au commerce en général.

Quand l'honneur règne, l'influence de l'argent diminue, les institutions sont zélées pour leur réputation, les familles défendent leur réputation et la culture catholique se développe.

Lorsque l'honneur prévaut, les hommes utilisent abondamment les biens matériels pour rendre la vie en société digne, honnête et agréable pour le corps et l'esprit.

Au Moyen-Âge, chacun exerçait une profession qui augmentait sa dignité personnelle en mettant l'accent sur la respectabilité plutôt que la rentabilité de sa profession.

En effet, à travers ses enseignements, sa liturgie et son exemple moral, l’Église a incorporé des principes, des idées et des valeurs morales dans le corps social, incitant les hommes à ne pas chercher exclusivement le profit, mais à avoir un amour ardent de Dieu, selon lequel toutes les choses étaient résolues conformément au Premier Commandement. 

L'Église et l'État.

Ainsi liée à la religion, la société organique était étroitement liée à la vie réelle d’un peuple, à ses coutumes, à ses traditions et à ses façons d’être. Cela était profondément différent des idéologies rigides des penseurs modernes qui ont construit des systèmes «idéaux» sans aucun lien avec la réalité - comme le socialisme et le communisme - au grand détriment de l’humanité.

Bien qu’étroitement liée à la réalité, la société organique a conservé une vision verticale de l'univers. La vie quotidienne au Moyen-Âge, à l’instar des lignes verticales et des pinacles des tours de la cathédrale, nous permettait de regarder vers la croix qui se dressait au sommet. Les membres de cette société organique s'intéressaient passionnément à toutes les choses élevées, dignes et nobles. Quand une société cherche ce qui est plus élevé, digne et noble, elle trouve inévitablement le surnaturel et le divin, qui sont au sommet de toute beauté et constituent la véritable source de la civilisation chrétienne.

Cette quête du sublime fut la splendeur la plus remarquable du Moyen-Âge. C'était une vision transcendantale et surnaturelle de la société. C'était la splendeur incomparable du Moyen-Âge.

En enseignant le catéchisme et les dogmes, l'Église a inculqué à la société médiévale la splendeur et le bonheur de ce monde et a donné à l'humanité un avant-goût du bonheur à venir.

« Il est vrai qu'Augustin avait un énorme amour pour Dieu », écrit Henry Osborn Taylor, érudit en histoire. 

« Cela a été ressenti avec ferveur; c'était puissamment raisonné; cela passionnait sa pensée. Pourtant, il ne contenait pas ce tendre amour du Christ divinement humain qui tremble dans les paroles de Bernard et fait de la vie de François un poème lyrique. » Henry Osborn Taylor se réfère à Saint Bernard et à Saint François d'Assise.

À ce stade, nous pourrions poser une question: la société organique était-elle planifiée par des papes ou des moines dans le silence de leurs monastères ou dans leurs vastes salles capitulaires ?

L'homme médiéval n'a pas planifié la société organique; il a simplement cherché à se comporter en société comme le Christ pendant sa vie parmi nous. C'est le pouvoir mystérieux de la société organique. C'est le secret du Moyen-Âge.

Même aujourd’hui, au milieu de ce siècle d’impiété et de désordre, si nous pouvions avoir une idée semblable, vivante et aimante de Jésus-Christ, nous voudrions ce qu’ils désiraient et obtiendrons ce qu’ils recevaient. C'est le secret de chaque remise en état possible de notre société actuelle.

Quel pourrait être le secret de la société organique médiévale ? Il se trouve dans une mystérieuse unité entre Bonum, Verum et Pulchrum: bonté, vérité et beauté. Le bien était représenté par la recherche de la justice. La vérité représentait la profession des enseignements catholiques et la beauté était la quête du sublime.

Les paroles suivantes du pape Léon XIII dans son encyclique Immortale Dei peuvent éclairer ce mystère:

« Il fut un temps où la philosophie de l'Évangile gouvernait les États. À cette époque, l'influence de la sagesse chrétienne et de ses vertus divines imprégnait les lois, les institutions et les coutumes des peuples, de toutes les catégories et de toutes les relations de la société civile. Puis la religion instituée par Jésus-Christ, solidement établie dans le degré de dignité qui lui est dû, a fleuri partout grâce à la faveur des princes et à la protection légitime des magistrats. Ensuite, la prêtrise et l’empire ont été unis dans une heureuse concorde et par l’échange amical de bons offices. Si bien   organisée, la société civile a donné des fruits supérieurs à toutes les attentes, dont la mémoire subsiste et subsistera, inscrite dans d'innombrables documents que nul artifice des adversaires ne peut détruire ou occulter. »


Posted in Principes de Révolution et Contre-Révolution

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