Le temps de l’émotion est passé ; vient celui de la réflexion. Qu’a voulu nous dire la Providence en permettant que Notre Dame de Paris, haut-lieu de la chrétienté, soit ravagée par un incendie qui a emporté sa toiture en plomb, sa charpente en chêne multiséculaire ? C’est sur cette question qu’il faut se pencher, plutôt que de spéculer sur la cause de l’incendie.
Si le citoyen ordinaire n’est pas à même de porter un jugement sur le sérieux des quantités d’explications qui circulent, le fidèle, lui, a en effet cette certitude : tous les cheveux de nos têtes sont comptés ; Dieu ne permet que ce qui doit advenir, et pour sa plus grande gloire.
Dieu est un Père qui parle à ses enfants à travers toutes les péripéties de la vie, même les accidents malheureux ou les crimes délibérés, qui trouvent tous leur racine la plus profonde dans la rébellion originelle de l’homme.
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En cela, l’incendie de Notre Dame est un événement « religieux ». Au début de la Semaine Sainte, alors que les catholiques suivent pas à pas Jésus, Fils de Dieu, dans sa Passion, voici qu’une cathédrale brûle, attirant tous les regards, de France mais aussi du monde entier, sur ces flammes qui semblent lancer un défi à la Trinité divine.
Message de mort. Dans cette France devenue « Archipel » – le mot choisi par Jérôme Fourquet pour décrire l’écroulement de la structure de la France chrétienne divisée en un morcellement d’individualités qui délibérément rejettent, contestent, oublient voire cherchent à remplacer son identité de nation baptisée – Notre Dame en flambant aura été comme l’image de ce christianisme tenu à l’écart de la société.
Pendant que l’on s’agite – non sans raison – parce qu’un Macron promet de « reconstruire » Notre Dame « plus belle », et en invitant à son chevet « l’art contemporain », transgressif par nature, il serait plus juste de s’interroger sur la foi à retrouver, la chrétienté à reconstruire.
Notre Dame de Paris était avant tout l’expression de l’amour d’un peuple de fidèles pour son Dieu et pour la Mère de Dieu, un signe immense se dressant au cœur de la cité. Comment saurait-elle rester debout autrement que comme une coquille vide, si cet amour venait à faire défaut ? N’est-ce pas cela que Dieu a voulu dire aux hommes en laissant se produire cette tragédie ?
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Si nous contemplons aujourd’hui la désolation d’une cathédrale privée de son cœur et de son âme, puisque les Saintes Espèces ne peuvent plus y résider, que le Saint Sacrifice n’y est plus offert, l’urgence, la toute première urgence est de comprendre qu’une société sans Dieu s’écroule et se détruit, n’est plus capable de beauté.
« Le Christ est beau de la seule beauté qui sauve le monde car elle traverse la mort », disait Mgr Aupetit au pied de sa cathédrale déchirée en méditant le Chemin de Croix du Vendredi Saint. Et plus loin : « Puissions-nous retrouver, au-delà d’une reconstruction matérielle, la force spirituelle qui a donné à nos ancêtres de construire la cathédrale. Nous sommes le Temple de Dieu. Nous sommes des pierres vivantes, tournées vers l’espérance du Salut, afin que la Cité des hommes n’oublie pas le Nom du Seigneur. Notre Cité définitive se trouve dans les Cieux. »
Tel est le message de Notre Dame : c’est un appel à la conversion de chacun, de tout un peuple, de la France fille aînée de l’Eglise.
Les prières publiques qui ont fleuri pendant qu’elle brûlait, la préservation de ses plus beaux trésors – de la Sainte Couronne d’épines à l’orgue, de son maître autel à sa statue médiévale de la Vierge à l’Enfant, et jusqu’à ses rosaces irremplaçables sauvées des modernes – montrent au fond que rien n’est jamais perdu. Seule la flamme de la foi peut éteindre l’incendie de la révolte contre Dieu.